Reporters sans frontières recommande aux autorités nigérianes de faire preuve de la plus grande retenue envers la presse, après un raid des services de renseignements contre une station de télévision privée. L'organisation craint une montée des agressions contre les journalistes critiques envers la réforme constitutionnelle qui agite la classe politique depuis quelques semaines.
Reporters sans frontières recommande aux autorités du Nigeria de faire preuve de la plus grande retenue envers la presse, après le raid opéré par les services de renseignements intérieurs contre une station de télévision privée. L'organisation craint une montée des agressions contre les journalistes critiques envers la réforme constitutionnelle qui agite la classe politique depuis quelques semaines. Si elle était adoptée, celle-ci permettrait au président sortant Olusegun Obasanjo de briguer un troisième mandat.
« Le débat sur un troisième mandat du chef de l'Etat doit avoir lieu. Nous n'acceptons pas que les adversaires de cette réforme subissent les intimidations des partisans du Président, qu'il s'agisse de policiers ou de militants qui lui sont favorables. Les plus hautes autorités de l'Etat doivent faire respecter les règles élémentaires du débat démocratique », a déclaré Reporters sans frontières.
Le 14 mai 2006 peu après 13 heures 30, un groupe de huit agents du State Security Service (SSS, services de renseignements intérieurs) ont fait irruption dans les locaux de Daar Communications Limited, propriétaire de la radio Ray Power FM et de la chaîne de télévision Africa Independent Television (AIT), dans le quartier d'Asokoro à Abuja (capitale fédérale). Affirmant avoir été envoyés par la présidence, les agents du SSS ont saisi la cassette d'un film intitulé « Un documentaire sur la prolongation du maintien en fonction » (« A Documentary on Tenure Elongation »), évoquant les tentatives ratées des précédents dirigeants nigérians de se maintenir au pouvoir. Ce film, diffusé depuis le 12 mai par AIT, a été financé par un mouvement baptisé « National Patriots », l'un des groupes de pression privés qui s'opposent à un troisième mandat d'Olusegun Obasanjo.
AIT, la plus ancienne chaîne privée du pays, est dans le collimateur des autorités depuis qu'elle diffuse en direct les débats de l'Assemblée nationale sur un amendement controversé à la Constitution de 1999 présenté par les partisans du président Obasanjo. Celui-ci permettrait, entre autres, au président de la République et aux gouverneurs des Etats fédérés de se maintenir au pouvoir quatre années de plus.
Par ailleurs, pour avoir déplu à certains partisans du chef de l'Etat, le correspondant du quotidien privé The Sun à l'Assemblée nationale a été menacé de mort. James Ojo a reçu plusieurs coups de téléphone anonymes le sommant d'arrêter de faire « des reportages négatifs sur le troisième mandat », faute de quoi il « risquait (sa) vie ».