Quatre cyberdissidents, dont trois collaborateurs du bulletin d'informations Sandhaanu, ont été incarcérés suite à l'intervention de la police, le 13 août, pour disperser une manifestation prodémocratique. L'un d'entre eux, Ahmad Didi, a été torturé en détention et serait actuellement dans un état critique. "La répression violente à laquelle se livre le président Gayoom doit être condamnée fermement par l'Union européenne", a déclaré Reporters sans frontières.
Quatre cyberdissidents, dont trois collaborateurs du bulletin d'informations Sandhaanu, ont été incarcérés suite à l'intervention de la police, le 13 août, pour disperser une manifestation prodémocratique. L'un d'entre eux, Ahmad Didi, a été torturé en détention et serait actuellement dans un état critique.
Reporters sans frontières demande à Chris Patten, commissaire européen chargé des relations extérieures, d'intervenir auprès des autorités maldiviennes pour obtenir la libération des quatre cyberdissidents. "La répression violente à laquelle se livre le président Gayoom doit être condamnée fermement par l'Union européenne. Cette prise de position est urgente, compte tenu de l'état de santé de certains des prisonniers et des mauvais traitements subis en prison", a déclaré l'organisation.
Trois collaborateurs de Sandhaanu, Mohamed Zaki, Ahmad Didi, Fathimath Nisreen et le cyberdissident Naushad Waheed ont été arrêtés, entre le 13 et le 16 août, pour leur participation à la manifestation. Bien que placés en résidence surveillée à Malé (la capitale), ils avaient pu se rendre sur les lieux du regroupement et même s'adresser à la foule.
Ahmad Didi (photo) avait pu regagner son domicile pour se reposer dans l'après-midi du 13, avant que la manifestation ne soit dispersée. La police est venue le chercher un peu avant 18h (heure des Maldives). Il a été conduit menotté et les yeux bandés au camp militaire de Girifushi. Il a été battu à répétition, enfermé dans des conditions d'hygiène déplorables et a reçu une nourriture très insuffisante. Aucun traitement médical ne lui a été fourni, bien qu'il soit très gravement malade du cœur.
Fathimath Nisreen (photo) a été arrêtée à son domicile, le 13 août en fin d'après-midi, par des agents des services de Sécurité nationale (NSS). Elle serait détenue en isolement à la prison de Maafushi. Sa cellule mesure à peine trois mètres carrés et ne dispose pas de matelas. Elle reçoit une alimentation très insuffisante.
Mohamed Zaki a été arrêté à son domicile le 13 août dans la soirée puis relâché quelques heures plus tard. Il aurait finalement été emmené le 16 août en début d'après-midi par des agents des NSS. Le dissident souffre de la colonne vertébrale. Son fils a également été interpellé lors de la manifestation et serait détenu à Girifushi.
Reporters sans frontières confirme l'arrestation du cyberdissident Naushad Waheed mais ne dispose d'aucune information sur ses conditions de détention.
Rappel des faits :
Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés dans la capitale, le 12 août au soir, pour demander la libération de prisonniers d'opinion, notamment les responsables du bulletin d'information électronique Sandhaanu. Une répression violente de cette manifestation pacifique a débuté le lendemain à 14h30 (heure des Maldives), sur ordre du président Gayoom. Ce dernier a également décrété un couvre-feu et coupé l'accès à Internet dans tout l'archipel pendant deux jours.
Le régime du président Gayoom est l'un des plus répressifs de la planète en matière de liberté d'expression, sur Internet comme dans les médias traditionnels. Le Réseau de l'archipel est géré par une entreprise britannique, Cable & Wireless.
Mohamed Zaki, Ahmad Didi, Ibrahim Lutfy et son assistante Fathimath Nisreen ont été arrêtés, en janvier 2002, pour avoir collaboré à Sandhaanu, un bulletin d'informations diffusé par e-mail qui dénonçait les atteintes aux droits de l'homme et la corruption aux Maldives. Accusés de « diffamation » et d'avoir « tenté de renverser le gouvernement », Mohamed Zaki, Ibrahim Lutfy et Ahmad Didi ont été condamnés à la prison à vie, le 7 juillet 2002. Fathimath Nisreen, qui n'avait que 22 ans lors de son procès, a écopé de 10 ans d'emprisonnement. Ibrahim Lutfy a réussi à s'évader de prison, le 24 mai 2003, et vit aujourd'hui en Suisse.
Le peintre et dissident politique Naushad Waheed a également été arrêté, le 9 décembre 2001, pour être entré en contact par e-mail avec Amnesty International. Il a été condamné, le 12 octobre 2002, à 15 ans de prison pour avoir commis « un acte antigouvernemental ». Naushad Waheed a été torturé à plusieurs reprises au cours de sa détention.
Certificat médical de Ahmad Didi :