Couverture électorale sous haute tension
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Alors que le gouvernement de Bagdad a décidé, en raison de l’insécurité croissante, de reporter pour une durée d’au moins six mois les élections du 20 avril 2013 dans certaines localités, les autorités du Kurdistan irakien ont maintenu la tenue du scrutin dans les trois provinces de la région (Erbil, Suleimanieh, Dohuk).
A la veille de ce scrutin local symbolique et historique, la situation est particulièrement tendue entre les gouvernements de Bagdad et d’Erbil, autour notamment du statut constitutionnel de Kirkouk. Certaines villes du Kurdistan irakien envisagent même de ne pas organiser les élections pour des raisons de sécurité.
Reporters sans frontières, redoutant que ce climat ne se détériore davantage, demande aux autorités de la région de prendre toutes les mesures possibles et nécessaires afin de garantir la sécurité des journalistes et leur permettre de travailler librement. Parallèlement, l’organisation rappelle à l’ensemble des acteurs de l’information que leur crédibilité repose sur leur neutralité et leur indépendance. Ils sont des contre-pouvoirs, et non des acteurs du jeu politique (lire le Guide pratique en période électorale traduit en kurde).
Liste non exhaustive des entraves récentes à la liberté d’information au Kurdistan irakien
Le 16 avril 2013, la chaîne satellitaire çira a été empêchée de couvrir une célébration de Yézidis, organisée à Lalesh, dans la province de Dohuk, contrôlée par le KDP. Ce média, basé en Europe, a récemment commencé à diffuser des programmes sur les Yézidis.
La veille, Mahmoud Yasin Kurdi, jeune journaliste connu pour sa proximité avec l’ancien leader de l’Union islamique du Kurdistan et ses prises de position critiques à l’égard des autorités du KRG, notamment du KDP, a été interpellé à Erbil. Arrêté par trois hommes à bord d’un véhicule militaire, il a été conduit pour interrogation auprès des Asayesh (services de renseignements), avant d’être relâché quelques heures plus tard.
La chaîne KNN, proche de Goran, a été brouillée le 15 avril dernier, obligeant ce média satellitaire à être diffusé sur Nilesat, sous un autre nom.
Le 14 avril, Xabir TV, chaîne affiliée à l’Union islamique du Kurdistan, s’est vu interdire l’accès à l’université de Zakho où était organisée la commémoration de l’Anfal (massacre par Saddam Hussein des Kurdes d’Irak en 1988), au prétexte que l’équipe n’avait pas l’autorisation nécessaire, alors même que la veille, les journalistes avaient obtenu la permission par la direction de l’université de couvrir cet événement.
Le 8 avril, quatre journalistes travaillant pour les chaînes KNN et Speda, et pour le journal Hawlati, venus couvrir une manifestation de Peshmergas organisée dans le district de Rania, afin de réclamer le versement de leur salaire, ont été pris à partie par ces mêmes manifestants, et ont vu leur équipement confisqué.
Début avril, un membre du haut comité du PUK s’en est pris à Awat Xayrwla, journaliste de la chaîne NRT à Chamchamal (province de Suleimanieh), lors de l’inauguration de l’hôpital de la ville en présence du ministre de la Santé.
Publié le
Updated on
20.01.2016