Corée du Nord: RSF dénonce la condamnation à mort par contumace de quatre journalistes sud-coréens

RSF dénonce la condamnation à mort prononcée par contumace par les autorités nord-coréennes à l’encontre de quatre journalistes sud-coréens. Pyongyang leur reproche d’avoir émis des critiques positives envers un livre qu’elle juge insultant.

La Cour centrale de Corée du Nord a récemment annoncé avoir condamné à mort les journalistes sud-coréens Son Hyo-rim et Yang Ji-ho—qui travaillent respectivement pour les journaux conservateurs Dong-A Ilbo et Chosun Ilbo— et les directeurs généraux des deux médias, Kim Jae-ho and Pang Sang-hun. Cette condamnation a été prononcée par contumace et “sans possibilité d’appel.”


Pyongyang reproche aux quatre journalistes d’avoir publié une critique positive de l'édition coréenne de North Korea Confidential, un livre qui décrit le rôle croissant joué par l'économie de marché dans la vie quotidienne des Nord-Coréens. La version sud-coréenne du livre a été rebaptisée "République capitaliste de Corée”, un jeu de mots sur le nom officiel du pays - République populaire démocratique de Corée et sur sa couverture, l’étoile rouge a été remplacée par le symbole du dollar.


L’ouvrage a été qualifié de “diffamatoire et biaisé”’ par la justice nord-coréenne, mais ses auteurs, l'ancien correspondant de The Economist Daniel Tudor et le journaliste James Pearson, n’ont pas eux-mêmes été directement visés par la condamnation à mort. L’effet le plus immédiat de la déclaration de Pyongyang sera sans doute de contribuer à la publicité de l’ouvrage, cité par The Economist comme “l’un des meilleurs livres de 2015.”


Une sentence absurde et dangereuse


RSF enjoint la Corée du Nord à annuler immédiatement cette sentence absurde. “Ces journalistes n’ont absolument rien à se reprocher, ils n’ont fait que leur travail d’information de leurs lecteurs en lisant et en critiquant le livre, s’insurge Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de Reporters sans frontières (RSF), qui appelle les autorités sud-coréennes à prendre les mesures les plus strictes pour assurer la protection des journalistes mis en cause”.


La Corée du Nord, l’un des régimes totalitaires les plus féroces du monde, se situe à la dernière position dans le Classement de la liberté de la presse 2017 établi par RSF. La rhétorique nord-coréenne est habituée aux déclarations extrêmes, pas toujours suivies d’actes. En juin dernier, Pyongyang avait ainsi appelé à l’exécution de l’ancienne présidente sud-coréenne Park Geun-hye et de son directeur des services secrets, qu’elle accuse d’avoir comploté pour assassiner son leader Kim Jong-un.


En 2012, la Corée du Nord avait aussi menacé de bombarder les sièges des médias sud-coréens qui avaient critiqué les célébration du 66e anniversaire de l’Union des enfants coréens, qui mettaient en scène 20 000 enfants. La chaîne de télévision Channel A avait notamment qualifié l’évènement de ”show politique dans le style de Hitler.”


Pyongyang est certes capable de perpétrer des assassinats hors de ses frontières, mais la logistique que cela impose réserve la pratique à quelques cibles politiques majeures. La dernière victime en date est Kim Jong-nam, beau-frère et successeur potentiel de Kim Jong-un, assassiné le 13 février dernier à l’aéroport de Kuala Lumpur (Malaisie). Le dernier cas réussi d’assassinat en Corée du Sud remonte à 1997, quand le défecteur Yi Han-yong, parent éloigné de Kim Jong-il, avait été tué par balles devant son domicile à Séoul.

Publié le
Mise à jour le 07.09.2017