Condamnations, harcèlement, convocations : la pression s'accentue sur les journalistes

Reporters sans frontières s'inquiète du harcèlement judiciaire dont sont actuellement victimes les journalistes iraniens. “Depuis la fin du mois d'août, convocations en justice et condamnations à des peines de prison se succèdent. Ces pressions constantes sur la presse doivent impérativement cesser”, a declaré l'organisation.

Reporters sans frontières s'inquiète de la multiplication des convocations et des condamnations de journalistes en Iran au cours de ces derniers jours. Le 28 août 2006, le tribunal de 1ere instance de Téhéran a condamné le journaliste Issa Sahakhiz, directeur des publications Aftab et Akhbar Egtesadi, à quatre ans de prison et cinq ans d'interdiction d'exercer le métier de journaliste. Le même jour, Emadoldin Baghi, rédacteur en chef du quotidien suspendu Joumhoryat, a été convoqué par le parquet de la révolution de Téhéran et interrogé en l'absence de son avocat. Par ailleurs, le 19 août 2006, Saghi Baghernia, directrice du quotidien économique Asia, a été condamnée à six mois de prison par la cour suprême de justice de Téhéran. "Ce harcèlement judiciaire est révélateur de la difficulté d'exercer le métier de journaliste en Iran. Ces pressions constantes envers la presse doivent cesser", a déclaré Reporters sans frontières qui a également appelé les autorités iraniennes à libérer le journaliste Mehrdad Qassemfar et le caricaturiste Mana Neyestani. Tous deux, incarcérés depuis plusieurs mois, bénéficient actuellement d'une permission de sortie d'une semaine. Le mensuel Aftab, publié en Iran depuis 2000, a été suspendu pour "insultes envers le Guide" et "publication des fausses informations" après la diffusion d'une série d'articles dénonçant la situation des prisons iraniennes et prônant des réformes en Iran. Son directeur, Issa Sahakhiz, avait déjà été arrêté plusieurs fois en 2003, puis libéré sous caution. Emadoldin Baghi et sa femme Fatemeh Kamali, directrice du mensuel suspendu Jameh-e-no, sont régulièrement convoqués et interrogés par des agents du ministère des Renseignements. En 2000, Emadoldin Baghi avait déjà purgé une peine de trois ans de prison pour "atteinte à la sécurité nationale" et " propagation de fausses nouvelles". Il avait été libéré le 6 février 2003. Son passeport ne lui a toujours pas été rendu. Le 19 août 2006, Saghi Baghernia, directrice du quotidien économique Asia, a été condamnée à six mois de la prison par la cour suprême de justice de Téhéran pour "propagande contre le régime", après la publication, dans l'édition du 5 juillet 2003, de la photo de Maryam Rajavi (dirigeante des Moujahidines du peuple - groupe d'opposition). Son époux, Iraj Jamshidi, rédacteur en chef du quotidien, avait été arrêté et condamné à un an de prison, le 6 juillet 2003, pour le même motif. Reporters sans frontières rappelle que le président Mahmoud Ahmadinejad et l'ayatollah Ali Khamenei figurent sur la liste des prédateurs de la liberté de la presse, établie chaque année par l'organisation.
Publié le
Updated on 20.01.2016