Condamnations dans les prétoires et retraits d'accréditations : Reporters sans frontières s'inquiète du climat de défiance qui règne envers la presse
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Deux correspondants de la presse étrangère se sont vu retirer, le 10 juin 2008, leur accréditation sur décision du ministre de la Communication. Par ailleurs, le 15 juin, trois journalistes du quotidien Liberté ont été condamnés à une amende pour “diffamation” par le tribunal de Sidi M'hamed (Alger).
“L'intolérance des autorités algériennes vis-à-vis des journalistes critiques instaure un climat de défiance qui a de lourdes conséquences sur leurs conditions de travail. Les correspondants de l'AFP et Reuters en ont récemment fait les frais, même si les deux agences sont autorisées à poursuivre leur travail dans le pays. Ce qui n'a pas été le cas de la télévision qatarie Al-Jazira. Victime d'une mesure punitive, la chaîne avait été contrainte de fermer son bureau à Alger il y a déjà quatre ans”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le directeur du bureau de l'Agence France-Presse (AFP) et le correspondant de l'agence de presse britannique Reuters ont été privés de leur accréditation suite à la publication d'informations sur le terrorisme en Algérie. Les autorités reprochent à l'AFP d'avoir “exagéré” le bilan de l'attaque meurtrière qui a visé, le 10 juin, la gare de Béni Amrane (Est) et à Reuters d'avoir diffusé des informations sur un faux attentat. Les deux agences, induites en erreur, avaient publié les démentis officiels du ministère de l'Intérieur.
Dans une autre affaire, le tribunal de Sidi M'hamed a condamné, le 15 juin 2008, le directeur de publication, Ali Ouafak, le directeur de la rédaction, Farid Alilat, et le caricaturiste du quotidien Liberté, Ali Dilem, à verser une amende de 20 000 dinars (l'équivalent de 200 euros). Les trois hommes étaient poursuivis pour “diffamation” suite à la publication, en juillet 2004, d'une caricature représentant l'ancien chef d'état-major des armées, le général Lamari. La plainte avait été déposée par le ministère de la Défense.
En juin 2004, le ministère algérien de la Culture et de la Communication avait provisoirement gelé les activités d'Al-Jazira dans le pays. Quatre ans plus tard, la chaîne n'a toujours pas repris son travail. La couverture de l'actualité algérienne se fait dorénavant depuis le bureau de la chaîne au Maroc.
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Updated on
20.01.2016