Reporters sans frontières dénonce la confirmation par la Cour suprême de justice, le 28 décembre 2005, de l'obligation faite au journal ABC Color de verser 200 000 dollars US de dommages et intérêts au sénateur Juan Carlos Galaverna. L'organisation redoute que cette décision n'incite la presse paraguayenne à l'autocensure.
Reporters sans frontières dénonce la confirmation par la Cour suprême de justice, le 28 décembre 2005, de l'obligation faite au journal ABC Color de verser 200 000 dollars US de « dommages et intérêts » au sénateur Juan Carlos Galaverna. Le journal a été reconnu coupable d'avoir diffamé dans des articles ce proche du président Nicanor Duarte Frutos, soupçonné d'être mêlé à des affaires de corruption.
« Cette condamnation d'un média indépendant à payer une amende exhorbitante représente un précédent dangereux pour la presse paraguayenne. C'est un signe troublant de l'impunité dont jouissent certains politiques et de l'ambiguïté de leurs relations avec le pouvoir judiciaire. La conséquence que l'on peut redouter est l'autocensure sur les affaires sensibles, ce qui représente une atteinte grave au droit d'informer», a déclaré Reporters sans frontières.
Ce n'est pas la première fois que le quotidien ABC Color est condamné pour la publication d'articles traitant d'affaires de corruption impliquant des hommes politiques influents. Après avoir été fermé pendant cinq ans, le quotidien avait repris son activité après la chute de la dictature d'Alfredo Stroessner en 1989. Depuis 1998, ABC Color a fait l'objet de seize plaintes pour la publication d'articles dénonçant des faits de corruption au sein de la classe politique. La décision de la Cour suprême de justice clôt le processus judiciaire, sans possibilité de recours. Pour continuer à sortir, le quotidien sera contraint de contracter un emprunt très élevé et par conséquent handicapant, a assuré à Reporters sans frontières un membre de la rédaction.
Alejandro Encina, le conseiller juridique d'ABC Color, a déclaré que le quotidien plaiderait sa cause auprès de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) pour dénoncer cette décision qui démontre l'ingérence du politique dans le système judiciaire. Ainsi, un journaliste du quotidien a confié à Reporters sans frontières que certains juges de la Cour suprême de justice étaient proches du sénateur Juan Carlos Galaverna.
Le Paraguay est actuellement classé par Transparency International au rang de pays le plus corrompu du continent sud-américain.