Condamnation à six mois de prison ferme pour le rédacteur en chef d’Al-Dar

Reporters sans frontières est consternée par la condamnation à six mois de prison ferme du rédacteur en chef du journal Al-Dar, Abdul Hussein Al-Sultan. “Cette condamnation assortie d’une suspension du journal pendant trois mois est la preuve de l’acharnement des autorités koweïtiennes contre ce média, qui avait déjà essuyé deux interdictions préalables de diffusion”, a déclaré Reporters sans frontières, qui demande la levée immédiate de toutes ces mesures liberticides et l’annulation des charges contre le journaliste. “Le 12 mars 2012, la cour koweïtienne a rendu un verdict sévère, et lourd de conséquences pour la liberté de la presse, dans un pays qui jusque-là faisait figure de modèle en la matière dans le Golfe persique”, s’est inquiétée l’organisation. Le rédacteur en chef du quotidien Al-Dar, Abdul Hussein Al-Sultan, a été condamné à six mois de prison ferme, peine à laquelle il a pu échapper en versant une caution de 1000 dinars (2700 euros). Par ailleurs, le journal a été frappé de trois mois de suspension, suite à des propos publiés dans deux articles, jugés dangereux pour l’intégrité de la nation, accusés “d’incitation à la violation de l’ordre public” et “d’appel à la haine envers certains groupes religieux et composantes de la société”. Le rédacteur en chef souhaite faire appel de cette condamnation. Ces trois dernières années, il a recensé pas moins de 135 affaires opposant son journal au ministère de l’Information. Pour avoir défendu la minorité chiite, peu avant le rendez-vous électoral des législatives du 2 février dernier, le journal avait été condamné à deux interdictions temporaires préalables de publication, d’une durée de deux semaines chacune. La première sanction avait été formulée le 1er février 2012, puis reconduite le 5 mars dernier pour une durée d’interruption équivalente. Le ministère de l’Information aurait motivé ces procédures au nom de la “sécurité nationale” et de la “paix civile”, conformément aux dispositions de l’article 111 du code pénal et aux alinéas 2 et 7 de l’article 21 de loi n°3 de l’année 2006 sur l’impression et la diffusion. L’organisation a aussi appris le report de l’audience au 21 mai prochain des onze prévenus accusés d’avoir pénétré par la force dans les locaux de la chaîne de télévision Al-Watan, dans la soirée du 31 janvier dernier. Quatorze membres des forces de sécurité et trois journalistes avaient été blessés, parmi lesquels, Yusuf Al-Mutairi et le photographe Mohamed Al-Sharhan du journal Al-Jarida. ---------------------------- 07.03.2012 - Suspension prolongée pour le quotidien Al-Dar Reporters sans frontières proteste contre la décision de justice de poursuivre la suspension du quotidien Al-Dar. “Il s’agit d’une atteinte répétée à la liberté d’informer. Avec cette sanction, les suspensions de journaux risquent de se banaliser”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 5 mars dernier, le tribunal de presse a prolongé l’interdiction de publication du journal en raison des contenus d’articles qui encourageaient la “fitna” (discorde) entre les communautés, et “l’incitation à la violation de l’ordre public” et “d’appel à la haine envers certains groupes religieux et composantes de la société”. Les koweïtiens devront attendre au moins jusqu’au 12 mars prochain pour retrouver Al-Dar dans les kiosques. La prolongation de cette suspension fait suite à une première décision du ministère de l’Information, révélée le 1er février dernier par le journal Al-Qabas, d’interrompre provisoirement la diffusion d’Al-Dar, pour une durée de deux semaines. Aucun membre du personnel du journal n’a pu assister à la séance spéciale du tribunal. La censure koweïtienne avait sévi, à l’aube des élections législatives du 2 février dernier. La ligne éditoriale du journal défendait la minorité chiite du pays, bien souvent stigmatisée et présentée comme un danger potentiel à l’équilibre de la nation. Le rédacteur en chef d’Al-Dar, Abdul Hussein al-Sultan, avait souligné la suspension éminemment politique du quotidien, qui risquait de gêner les débats électoraux. --------------------------- 07.02.2012 - Une campagne électorale entachée par des attaques de médias et des poursuites judiciaires
Reporters sans frontières tient à faire part de son inquiétude quant aux incidents qui ont visé un certain nombre de médias au cours de la campagne électorale pour les législatives du 2 février dernier. Alors même que le pays figure en tête des pays arabes du classement mondial 2011 pour la liberté de la presse, des crispations politiques autour de la tenue de ces élections ont eu des conséquences sur les médias, l’organisation recensant plusieurs atteintes à la liberté de la presse.
Par ailleurs la victoire des tribus et des islamistes à ces élections législatives n’est pas sans inquiéter certains analystes politiques sur l’avenir de la liberté de la presse au Koweït.
Reporters sans frontières demande aux autorités koweïtiennes d’abandonner les poursuites qui pèsent contre des médias, et de continuer à faire respecter les principes de pluralisme et d’indépendance des médias.
Trois quotidiens et une chaîne de télévision sont sous la menace de poursuites judiciaires, initiées par le ministre de l’Information, Sheikh Ahmed Jabar Al-Ali. Le 1er février 2012, le journal Al-Qabas a notamment révélé la décision du ministère de suspendre pour une durée de deux semaines la diffusion du quotidien Al-Dar, en raison de deux publications qui encourageraient la discorde ou la “fitna” entre les communautés, “l’incitation à la violation de l’ordre public” et “d’appel à la haine envers certains groupes religieux et composantes de la société”. Le ministère de l’Information aurait motivé ces procédures au nom de la “sécurité nationale” et de la “paix civile” conformément aux dispositions de l’article 111 du code pénal et aux alinéas 2 et 7 de l’article 21 de loi n°3 de l’année 2006 sur l’impression et la diffusion.
Tout comme Al-Dar, la chaîne satellitaire Scope TV, ferait l’objet de poursuites depuis la diffusion des propos du candidat de la troisième circonscription Mohamed Al-Jouwaihel, libéral farouchement opposé à la main mise des tribus sur la conduite de la politique, qui aurait adressé de virulents propos à l’encontre de ces mêmes tribus. Suite à ces déclarations, les partisans du pouvoir tribal ont incendié les locaux du candidat. D’après le journal Al-Qabas, le ministre de l’Information devait réunir des conseillers juridiques afin de transmettre la procédure au procureur général. Le pouvoir manifeste clairement ses réticences lorsque les médias critiquent l'ascension du pouvoir tribal.
Par ailleurs, dans la soirée du 31 janvier, les bâtiments de la chaîne Al-Watan ont été pris d’assaut par des manifestants, partisans des tribus, alors que devait se dérouler un débat entre deux candidats, Faysal Al-Muslim, affilié aux islamistes, et Nabil Al-Fadl, candidat pro-gouvernemental considéré comme hostile à la tribu des Motairi. Les forces de sécurité n’ont pas pu contenir le millier de manifestants qui ont investi les lieux. Quatorzes membres des forces de sécurité et trois journalistes ont été blessés, parmi lesquels, Yusuf Al Mutairi et le photographe Mohamed Al-Sharhan du journal Al-Jarida, immédiatement été transportés à l’hôpital Farwaniya. En raison de cette violente intrusion dans les locaux de la chaîne, les organisateurs du débat ont été contraints d’arrêter leur programme. Ces incidents viennent entacher la campagne électorale des législatives, alors même que, la presse koweïtienne avait été particulièrement virulente sur les cas de corruption et les cas d’achat de voix par certains candidats. Les journalistes étaient restés très attentifs lors des “pré-sélections” tribales des candidats dans les 4ème et 5ème circonscription. Les médias jouent un rôle crucial dans le jeu politique koweïtien. N’hésitant pas à dénoncer les abus de pouvoir et la corruption, ils font et défont des gouvernements.
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Mise à jour le 20.01.2016