Reporters sans frontières demande l'abandon des poursuites intentées contre Yosef Azizi Banitrouf, condamné, le 20 août 2008, à cinq ans de prison pour "action contre la sécurité nationale", "incitation à la révolte" et pour "relations avec des responsables étrangers". "Le régime du président Mahmoud Ahmadinejad abuse du système judiciaire pour réprimer les journalistes issus de minorités dont ils sont souvent les porte-voix", a déclaré l'organisation.
Reporters sans frontières demande l'abandon des poursuites intentées contre Yosef Azizi Banitrouf, condamné, le 20 août 2008, à cinq ans de prison pour "action contre la sécurité nationale", "incitation à la révolte" et pour "relations avec des responsables étrangers". Le journaliste ayant fait appel, il n'a pas été réincarcéré.
"Le régime du président Mahmoud Ahmadinejad abuse du système judiciaire pour réprimer les journalistes issus de minorités dont ils sont souvent les porte-voix. Six des sept professionnels des médias actuellement incarcérés dans le pays sont ainsi d'origine kurde ou arabe. Cette scandaleuse politique d'étouffement devrait être dénoncée par tous ceux qui sont attachés à la libre expression des Iraniens", a affirmé l'organisation.
Le verdict contre Yosef Azizi Banitrouf a été rendu, le 20 août 2008, par la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, à l'issue d'un procès qui aura duré près de deux ans. Le journaliste indépendant avait été arrêté, le 25 avril 2005, après avoir pris la défense de manifestants issus de la communauté arabe, qui avaient affronté les forces de l'ordre dans le Khouzistan (Sud-Ouest). Yosef Azizi Banitrouf avait dénoncé l'utilisation disproportionnée de la force par les agents de l'Etat. Son domicile avait été perquisitionné et ses documents de travail saisis. Le journaliste avait été libéré sous caution le 28 juin 2005.
Ses entretiens avec des médias étrangers, ainsi que les interviews qu'il avait lui-même réalisées avec des officiels du monde arabe, ont été retenus par la Cour comme des preuves à charge.
Après avoir travaillé pendant douze ans pour le quotidien Hamshari, propriété de la mairie de Téhéran, Yosef Aziz Banitrouf avait été licencié suite à l'élection de Mahmoud Ahmadinejad à la tête de la municipalité et l'arrivée de conservateurs à la direction du journal. Il travaille à présent pour plusieurs publications nationales et poursuit sa collaboration avec des médias étrangers. Il est également membre du comité exécutif de l'Association des écrivains iraniens.
En juin 2008, la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran a prononcé une peine de onze ans de prison à l'encontre d'un journaliste iranien d'origine kurde, Mohammad Sadegh Kabovand, pour "action contre la sécurité nationale". A l'origine de la création d'une association de défense des droits de l'homme au Kurdistan, le journaliste avait été interpellé en juillet 2007 et incarcéré depuis à la prison d'Evin (Téhéran).
De même, Said Matinpour, de l'hebdomadaire Yarpagh, l'un des journaux les plus importants de la communauté azérie, a été condamné en juin 2008 à huit ans de prison avec sursis pour "avoir entretenu des relations avec des étrangers" et pour "publicité contre le régime" par la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de la capitale.
Dans une autre affaire, la journaliste de l'agence de presse officielle ISNA, Mahboubeh Karami, a été libérée, le 26 août 2008, après avoir versé une caution de cent millions de toumen (l'équivalent de 80 000 euros). Elle avait été interpellée le 13 juin dernier après avoir reproché à des policiers de brutaliser des manifestants dans un bus à Téhéran. Elle reste inculpée d'"atteinte à la sécurité nationale" et de "publicité contre le régime".