Cinq journaux privés décident de suspendre leur parution pendant quinze jours afin de protester contre la prorogation de la censure préalable

Cinq journaux membres de l'Association des éditeurs de la presse privée au Tchad (AEPT), N'Djamena Bi-hebdo, Notre Temps, Le Temps, Sarh Tribune et le Messager, ont décidé de suspendre leur parution pour quinze jours, à compter du 6 décembre 2006, "en protestation à l'escalade observée par le gouvernement à travers la prorogation de la censure préalable pour six mois", selon le communiqué de l'AEPT. Cette action vise également à interpeller la France pour son "indifférence" face à la situation des médias privés. ------------------------- 24.11.2006 - La censure prolongée de six mois : "Le gouvernement a choisi une voie qui ne fera, en fin de compte, que l'affaiblir" Reporters sans frontières est consternée par la prolongation de l'état d'urgence, le 23 novembre 2006, par l'Assemblée nationale tchadienne, pour une période de six mois, entérinant la censure préalable de la presse écrite et la surveillance permanente des radios privées. "Sourd aux arguments les plus simples, fermé à toute dialogue et décidé à asphyxier toutes les publications qui le critiquent, le gouvernement tchadien a choisi une voie qui ne fera, en fin de compte, que l'affaiblir. La presse privée, à tort ou à raison, est désormais certaine qu'elle est considérée comme un ennemi de l'Etat et cela ne servira que l'intérêt de ceux qui veulent le renverser. Il n'est pas trop tard pour revenir sur ces mécanismes de censure et de surveillance, qui sont l'aspect le plus désolant de l'état d'urgence", a déclaré Reporters sans frontières. Par 77 voix contre 0 et 6 abstentions, les députés ont voté, le 23 novembre dans la soirée, la prolongation de l'état d'urgence pour une période de six mois dans les régions de Hadjer Lamis (Chari Baguirmi, Ouest), du BET (Borkou, Ennedi, Tibesti, Nord), du Moyen-Chari (Sud) et dans la ville de N'Djamena. Un député de l'opposition a expliqué à Reporters sans frontières que le vote a eu lieu sans que les parlementaires aient pu mener un débat préalable. Selon le décret n°1014 du 13 novembre 2006, les groupes de presse "sont tenus d'obtenir l'autorisation préalable du Comité régional de censure avant l'impression des journaux". Ce comité est composé de hauts fonctionnaires du ministère de la Communication, de la Direction de la communication de la présidence, de la Primature, du ministère de la Sécurité publique et de l'Immigration (Renseignements généraux), du ministère de la Défense nationale, du ministère de l'Administration du territoire et de la Direction du contentieux administratif du gouvernement. Il a pour mission "de recevoir, lire et donner l'autorisation de publication pour toutes les éditions destinées au public". Hormis le quotidien progouvernemental Le Progrès, la plupart des journaux paraissant à N'Djamena ont choisi de stopper leur publication, après avoir paru barrés de bandeaux noirs sur lesquels était imprimé "Partie censurée". Les passages supprimés par les fonctionnaires étaient considérés comme "susceptibles de porter atteinte à la cohésion nationale".
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Updated on 20.01.2016