Cinq ans après le décès, le 10 juillet 2008, de la photographe irano-canadienne Zahra Kazemi suite aux mauvais traitements qu'elle a subis en prison, Reporters sans frontières demande aux autorités iraniennes des garanties sur le sérieux et l'indépendance de l'enquête. "Nous craignons que cette nouvelle procédure se révèle creuse et n'aboutisse pas à l'identification de toutes les personnes impliquées dans le décès de la journaliste", a déclaré l'organisation.
Le 10 juillet 2008, cela fera exactement cinq ans que la photographe irano-canadienne Zahra Kazemi est décédée des suites d'une hémorragie cérébrale consécutive aux coups reçus pendant sa détention à la prison d'Evin (Téhéran). En janvier 2008, la Cour suprême a ordonné l'ouverture d'un nouveau procès, suite aux irrégularités qui avaient entaché le verdict de la cour d'appel en novembre 2005.
“Cinq ans après la mort de Zahra Kazemi et malgré la décision de la haute juridiction de rouvrir le dossier, nous n'avons reçu aucune assurance que cette seconde enquête serait menée de manière indépendante et sans ingérence du procureur général, Saïd Mortazavi, dont la responsabilité dans la mort de la journaliste est avérée. Il ne lui a pourtant jamais été demandé de répondre de ses actes. Nous craignons que cette nouvelle enquête se révèle creuse et n'aboutisse pas à l'identification de toutes les personnes impliquées dans le décès de Zahra Kazemi”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 17 mars 2008, la 71e chambre de la cour d'assises de la province de Téhéran a commencé le réexamen de l'affaire Zahra Kazemi. Lors de la première audience, à laquelle ont assisté les avocats de la famille de la victime, Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix, et Mohammed Sifzadeh, le tribunal a accepté d'examiner la plainte de Stéphane Hachemi, le fils de la journaliste. Ce dernier a toujours réclamé le rapatriement du corps de sa mère pour une autopsie indépendante au Canada. La mère de Zahra Kazemi avait subi des pressions pour autoriser l'inhumation précipitée de son corps, le 22 juillet 2003, à Chiraz (Sud). Toutes les demandes d'exhumation sont restées jusqu'à présent sans réponses.
Les avocats de la famille de la victime ont dénoncé à maintes reprises un simulacre de justice. Leurs demandes de convocation de hauts responsables de la justice n'ont jamais été satisfaites, privant la procédure de témoins clés. Par ailleurs, Saïd Mortazavi n'a jamais été entendu par la cour. Il est pourtant à l'origine de l'arrestation de Zahra Kazemi et était présent lors de ses interrogatoires à la prison d'Evin. Reporters sans frontières soutient la demande des avocats réclamant “une enquête complète, libre et juste” et “la nomination d'un juge instruisant en toute indépendance”.
Sous la forte pression du Canada et suite à une enquête parlementaire iranienne, la justice avait désigné un agent des services de renseignements comme responsable de la mort de la journaliste. Cependant Reza Aghdam Ahmadi avait été innocenté devant la cour d'appel de Téhéran, en novembre 2005. Depuis, les autorités iraniennes n'ont procédé à aucune interpellation.
Zahra Kazemi, 54 ans, avait été interpellée le 23 juin 2003 alors qu'elle photographiait des familles de détenus devant la prison d'Evin.