Chine : un blogueur anti-censure condamné à sept ans de prison pour “subversion”

Reporters sans frontières (RSF) appelle à la libération du blogueur chinois anti-censure Ruan Xiaohuan, plus connu dans son pays sous le pseudonyme de “Program Think”, condamné en février à une peine de sept ans de prison.

Dans l'espoir que la couverture médiatique et l'attention du public pourraient aider, l'épouse de Ruan Xiaohuan, un blogueur plus connu sous le pseudonyme de “Program Think”, a finalement pris, fin mars, et malgré les pressions du régime, la difficile décision de dévoiler publiquement la condamnation de son mari le 10 février par le tribunal intermédiaire n° 2 de Shanghai à sept ans de prison pour “incitation à la subversion du pouvoir de l'État”. Pendant douze ans, son blog personnel livrait des conseils sur la manière de contourner la censure de la “grande muraille numérique” chinoise et dénonçait les abus du régime, notamment en matière de corruption.

Ruan Xiaohuan a non seulement permis à ses concitoyens de s’informer sur la censure, mais a également révélé les mauvaises pratiques du Parti communiste chinois et en particulier la corruption ; il mérite d'être célébré en héros plutôt que d'être persécuté par le régime. Nous appelons la communauté internationale à intensifier ses pressions sur le régime chinois pour qu'il libère Ruan Xiaohuan ainsi que tous les autres journalistes et défenseurs de la liberté de la presse détenus en Chine.

Cédric Alviani
Directeur du bureau Asie de l’Est de RSF

En février, “Program Think”, âgé de 46 ans, est réapparu à l’occasion de son procès pour la première fois depuis sa disparition forcée en mai 2021. Il a été reconnu coupable d'avoir “écrit plus de cent articles séditieux et diffamatoires”. Au-delà de cette lourde condamnation, il est également privé de ses droits politiques pendant deux ans et s’est vu confisquer des biens pour une valeur de 20 000 yuans (2 671 euros).

L’épouse de Ruan Xiaohuan a constaté qu'après près de deux ans passés en détention secrète, le poids de son mari avait drastiquement chuté et que la plupart de ses cheveux avaient blanchis. Début mars, l'un de ses avocats s'est vu refuser une visite en prison et a été informé que deux avocats commis d'office avaient été désignés par le tribunal pour le remplacer.

Cartographie de la corruption au sein du Parti

Lancé en 2009, “Program Think” a d'abord diffusé sur son blog des conseils techniques sur la cybersécurité. Au fil du temps, il a commencé à traduire des articles de presse étrangers, à collecter diverses informations et à publier des contenus politiques et d'investigation. En 2016, le blogueur diffusait sur Github une cartographie des connexions et des richesses cachées des hauts dignitaires du Parti communiste chinois, exposant ainsi le haut degré de corruption au sein du régime.

Depuis son accession au pouvoir en 2012, le dirigeant chinois Xi Jinping poursuit une croisade contre le journalisme, comme le dénonce RSF dans son rapport Le Grand Bond en arrière du journalisme en Chine, qui rend compte des tentatives de Pékin de contrôler l’information et les médias tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières. 



La Chine occupe le 175e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022 et constitue la plus grande prison pour les journalistes au monde avec au moins 115 d’entre eux derrière les barreaux.

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