Chine : l’extension de la loi sur le contre-espionnage accroît la menace sur les journalistes

L’extension de la loi sur le contre-espionnage, qui entrera en vigueur en juillet, constitue une menace accrue pour les journalistes et les défenseurs de la liberté de la presse. Reporters sans frontières (RSF) appelle la communauté internationale à faire pression sur le régime chinois pour qu’il retire ces mesures.

Le 1er juillet prochain, une version étendue de la loi chinoise sur le contre-espionnage entrera en vigueur, élargissant la définition de l’espionnage au simple fait d’accéder à des “documents, des données, des matériaux ou des éléments relatifs à la sécurité et aux intérêts nationaux”. Le nouveau texte permettra également aux autorités d’imposer une interdiction de sortie du territoire à tout individu suspect, quelle que soit sa nationalité. Il leur conférera également des pouvoirs d'enquête étendus sur les personnes soupçonnées d’espionnage.

“Ces dix dernières années, le régime chinois a de plus en plus souvent utilisé des accusations d’espionnage montées de toutes pièces comme arme contre les voix indépendantes, dont des journalistes, et l’extension de la loi sur le contre-espionnage accroît considérablement son pouvoir. Nous exhortons la communauté internationale à renforcer leur pression sur le régime pour qu’il retire ces mesures, et libère les 113 journalistes et défenseurs de la liberté de la presse actuellement détenus dans le pays.

Cédric Alviani
Directeur du bureau Asie de RSF

La loi sur le contre-espionnage, adoptée par le législateur chinois en 2014, prévoit une peine de prison à vie, et sa définition est si large qu'elle peut s'appliquer à presque toutes les activités journalistiques. 

En avril 2023, la famille du journaliste Dong Yuyu, rédacteur en chef du quotidien Guangming Daily, a révélé qu’il avait été détenu pour “espionnage” pendant plus d’une année, après avoir rencontré un diplomate japonais. Trois journalistes étrangers d’origine chinoise sont également actuellement sous les verrous pour des accusations d’“espionnage’ : l’éditeur suédois Gui Minhai, fondateur d’une maison d’édition à Hong Kong, qui a été condamné à 10 ans de de prison en 2020, et les journalistes australiens Yang Hengjun et Cheng Lei, arrêtés respectivement en 2019 et 2020 et détenus depuis, sans qu’aucun verdict n’ait été rendu. 

Depuis son accession au pouvoir, en 2012, le dirigeant chinois Xi Jinping mène une véritable guerre contre le journalisme, ainsi que le révèle le rapport de RSF Le Grand Bond en arrière du journalisme en Chine. 

La Chine occupe le 179e rang sur 181 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023. Elle constitue la plus grande prison au monde pour les journalistes et les défenseurs de la presse.

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