Chine : alors que CBC se retire de Chine, RSF appelle le régime à mettre fin à sa politique de “chantage au visa”

À la suite de la fermeture du bureau de Pékin de la Canadian Broadcasting Corporation (CBC), Reporters sans frontières (RSF) appelle le régime chinois à mettre un terme à sa politique de “chantage au visa” contre les journalistes et les correspondants étrangers.

“Le fait que la CBC ait été contrainte de se retirer de Chine est une nouvelle grande perte pour le public international à l’heure où il est si difficile d’avoir accès à une information indépendante de l’intérieur du pays, déclare le directeur du bureau Asie de l’Est de RSF, Cédric Alviani, qui appelle les démocraties à “exhorter le régime à permettre aux médias étrangers de travailler dans le pays sans subir de pression.”

Le 2 novembre dernier, la chaîne publique canadienne CBC (Canadian Broadcasting Corporation) annonçait qu’elle fermait son bureau de Pékin après avoir attendu en vain plus de deux ans que le régime accorde un visa de travail à son correspondant, Philippe Leblanc. Ce n’est pas la première fois que la politique des autorités chinoises de chantage au visa entrave les journalistes dans leur travail : ces dernières années, c’est par douzaines qu’elles ont refusé les demandes ou les prolongations de visa aux journalistes couvrant le pays (voir les exemples ci-dessous). 

Dans son rapport 2022, Le Club des correspondants étrangers de Chine (FCCC) a une nouvelle fois dénoncé une aggravation des mesures d’intimidation et des pressions exercées par le régime sur les médias étrangers. Sur 127 membres du FCCC ayant répondu à l’étude, seuls 4 % ont confirmé que leur média avait bénéficié d'un visa de journaliste résident régulier en 2021, tandis que beaucoup d'entre eux ont reçu des permis de séjour de deux à trois mois seulement. Le rapport souligne également l’intensification du harcèlement des correspondants étrangers et de leurs sources qui, associé au chantage au visa, “rend le travail de plus en plus difficile pour les journalistes restés en Chine”.

Ces dix dernières années, le dirigeant chinois Xi Jinping, dont le mandat de secrétaire général du parti a été renouvelé le mois dernier, a renforcé le contrôle du régime sur les médias d’État chinois, tout en initiant une violente répression à l’égard des journalistes indépendants et en exerçant une intimidation et une surveillance accrues à l’égard des correspondants étrangers. 

La Chine occupe la 175e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022.

Dix années de chantage au visa contre les journalistes

  • 2022 : la CBC ferme son bureau de Pékin après avoir attendu plus de deux ans que le régime chinois accorde un visa de travail à son correspondant.
  • 2021 : le correspondant de la BBC John Sudworth fuit le pays à la suite de pressions et de menaces des autorités, alors que le régime bannit le groupe de diffuser dans le pays. À Hong Kong,  la journaliste de The Economist Sue-Lin Wong se voit refuser un visa sans explication.
  • 2020 : au moins 18 correspondants sont contraints de quitter le pays et plusieurs demandes de visa par des journalistes étrangers sont rejetées sans explication, dont celles des correspondants du New York Times, du Wall Street Journal, du Washington Post. À Hong Kong, le journaliste du New York Times Chris Buckley et le journaliste du Hong Kong Free Press Aaron Mc Nicholas se voient refuser leur visa de travail.
  • 2019 : la journaliste américaine Bethany Allen-Ebrahimian, qui traite de l’influence de la Chine et postule comme correspondante à l’Agence France-Presse, se voit refuser un visa de travail. Le visa du journaliste du Wall Street Journal Chun Han Wong n’est pas renouvelé.
  • 2018 : la responsable du bureau en Chine de BuzzFeed News, Megha Rajagopalan, qui travaille sur le Xinjiang, se voit refuser un visa sans explication. Le journaliste du Financial Times Asia Victor Mallet est expulsé de Hong Kong après avoir officié comme modérateur dans un débat accueillant un activiste pro-indépendance.
  • 2015 : le visa de la correspondante du magazine L’Obs Ursula Gauthier n’est pas renouvelé après qu’elle a refusé de présenter des excuses pour avoir rédigé un article sur les minorités ouïgoures dans le Xinjiang.
  • 2013 : le journaliste Paul Mooney, qui travaille sur les droits humains en Chine, se voit refuser un visa lorsqu’il postule à Reuters.
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