Ces pressions sont exercées pour nous faire taire : Reporters sans frontières condamne le harcèlement des cyberféministes

Reporters sans frontières demande aux autorités iraniennes de cesser leur harcèlement des cyberféministes, après que deux d'entre elles ont été convoquées au tribunal de Téhéran pour s'expliquer sur certains articles publiés sur les sites Internet d'informations consacrés au droit des femmes, Zanestan ("La cité des femmes" - http://herlandmag.net/) et Tagir Bary Barbary (“Changement pour l'égalité“ - http://we-change.org/). Une journaliste en ligne, Sussan Tahmasebi, a par ailleurs été interdite de sortie du territoire, sans qu'une explication lui soit fournie.

“Cet leur acharnement des autorités à l'encontre de ces femmes, révèle à quel point le gouvernement a peur des critiques qu'elles lui assènent. Ces cyberféministes ne font rien d'autre que faire usage de leur liberté d'expression pour dénoncer la situation. Grâce à leur mobilisation, par exemple, un projet de loi facilitant la polygamie a été remis en question début septembre, démontrant l'importance de leur travail”, a déclaré l'organisation.

Le 29 octobre 2008, Sussan Tahmasebi s'est rendue au tribunal révolutionnaire de Téhéran après avoir été convoquée pour un interrogatoire concernant ses activités. Elle est actuellement placée sous la surveillance des forces de l'ordre. Le 26 octobre, elle s'était vue confisquer son passeport à l'aéroport Imam Khomeini (sud de Téhéran). Elle avait été interpellée par des agents de sécurité, qui lui ont saisi des cds, des livres, des manuscrits et des textes appelant à la paix en Iran. Son ordinateur a également été inspecté. Dans une interview au webmagazine Tagir Bary Barbary (http://we-change.org/), Sussan Tahmasebi a déclaré : “C'est la quatrième fois que l'on m'empêche de quitter le pays sous différents prétextes. Malgré mon insistance, personne ne m'en donne les raisons et ne me dit pourquoi je suis convoquée au tribunal révolutionnaire”. “Ces pressions sont exercées pour nous faire taire. Mais nous n'arrêterons pas pour autant de revendiquer l'égalité. La place des femmes est devenue importante dans la société iranienne et les autorités seront bien obligées de nous entendre”, a t-elle confié à Reporters sans frontières, le 29 octobre à sa sortie du tribunal.

Sussan Tahmasebi, signataire de la pétition "Un million de signatures pour obtenir la modification des lois discriminatoires envers les femmes", lancée sur le Web en 2005, est en charge de la version anglaise du site Tagir Bary Barbary. Le 2 mai 2008, la police avait déjà perquisitionné son domicile.

Par ailleurs, deux collaboratrices des journaux en ligne Zanestan et Tagir Bary Barbary, Nahid Keshavarz et Mahboubeh Hosseinzadeh, ont également été convoquées au tribunal révolutionnaire de Téhéran, afin de s'expliquer sur leurs publications. Leur audience a été reportée au 27 janvier 2009.

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Updated on 20.01.2016