Censure de publications et espionnage de journalistes : Reporters sans frontières dénonce des "abus de pouvoir"

Reporters sans frontières condamne les pressions contre la presse locale qui se sont traduites, au cours de la seconde quinzaine de janvier, par la censure de publications et l'espionnage de certains journalistes dans les États de Sonora (Nord-Ouest), Guanajuato (Centre) et Puebla (Sud). L'organisation note que ces abus de pouvoir sont le fait d'autorités locales déjà en délicatesse avec la justice pour des affaires de presse. “L'entourage du gouverneur de l'État de Sonora, Eduardo Bours, a été récemment mis en cause dans la disparition d'un journaliste en 2005 (cf. communiqué du 23 janvier 2007). Gouverneur de l'État de Puebla, Mario Marín n'est pas étranger à l'arrestation arbitraire de la journaliste indépendante Lydia Cacho, toujours en 2005. Ces nouvelles affaires confirment le mépris absolu de certains dirigeants locaux envers la presse. En l'absence de réactions du pouvoir fédéral, qui s'est engagé à garantir la liberté d'expression, ces violations sont autant d'encouragements à l'impunité”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 18 janvier 2007 à Hermosillo, des agents de la police de l'État de Sonora ont immobilisé la camionnette de distribution de la revue Contralínea, qui paraît tous les quinze jours, et confisqué les 2 500 exemplaires entreposés dans le véhicule. Arguant que la camionnette avait été volée, les policiers ont simulé la saisie de deux paquets de cocaïne pour arrêter Mauricio Capdevielle, responsable de la distribution de la revue, et le chauffeur. Les deux hommes ont été relâchés le 21 janvier. Alvaro Cepeda Neri, rédacteur en chef de Contralínea, a confié à Reporters sans frontières que pendant l'arrestation, les policiers avaient tenu des propos menaçants envers Mauricio Capdevielle, Miguel Badillo, le directeur de la revue, et lui-même. Le rédacteur en chef de Contralínea a attribué cette manœuvre à Eduardo Bours en personne. La revue révélait une affaire de spoliation de terrains appartenant aux Indiens Yaquis impliquant le gouverneur, dans l'édition qui devait être distribuée. L'affaire a été portée devant la Commission nationale des droits de l'homme (CNDH) et le parquet spécial fédéral pour les journalistes. Journaliste du quotidien Correo à Celaya, dans l'État de Guanajuato, Pedro Moreno a rapporté à Reporters sans frontières que René Mondragón Barragan, secrétaire particulier du maire, Gerardo Hernández Gutiérrez, procédait au fichage des reporters locaux. Des sources du Parti d'action nationale (PAN, dont sont membres le président Felipe Calderón et le maire de Celaya) ont informé le journaliste que les fiches contenaient des données concernant la vie privée des intéressés (famille, domicile, préférences sexuelles) et leurs sources éventuelles. Un journaliste aurait été payé 80 000 pesos (environ 5 500 euros) pour livrer ces informations. Le photographe indépendant Luis García a confirmé avoir vu sa propre fiche, mentionnant sa relation personnelle avec une collègue. Le 15 janvier, une journaliste du quotidien AM de Celaya a été expulsée d'une conférence de presse sur ordre du maire, l'accusant d'être “négative” envers la municipalité. Deux jours plus tard, des journalistes du quotidien Correo et de la station Radio Corporativo Celaya ont été interdits d'accès à des bâtiments publics par le directeur de la police municipale, Prisciliano Mandujano. Toutes ces affaires ont été portées devant le procureur des droits de l'homme, le 17 janvier. Le même jour, Martha Laris, chef du département des sciences et communications de l'Université des Amériques à Cholula (État de Puebla) a fait déloger de ses locaux l'équipe rédactionnelle de l'hebdomadaire universitaire La Catarina, et confisqué son matériel et ses archives. En octobre dernier, l'hebdomadaire avait critiqué les connivences entre le rectorat de l'université et le gouverneur de l'État, Mario Marín, et publié des caricatures de ce dernier.
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Updated on 20.01.2016