Cable & Wireless s'explique sur son implication dans l'Internet aux Maldives

Reporters sans frontières avait écrit au P.-D.G de Cable & Wireless (C&W), Francesco Caio, le 20 juillet 2004, pour dénoncer l'implication de son entreprise dans l'Internet des Maldives, l'un des pays les plus répressifs de la planète en matière de liberté d'expression sur le Réseau. La société britannique a répondu à ce courrier, le 2 août, pour justifier sa politique commerciale. Reporters sans frontières se réjouit que les dirigeants que C&W aient répondu à son appel. L'organisation récuse toutefois les arguments avancés par l'entreprise. "C&W doit certes exercer son activité dans le respect des législations nationales. Toutefois, collaborer avec un régime aussi répressif envers la liberté d'expression crée certaines obligations. Nous ne demandons pas à C&W de se retirer des télécoms de l'archipel. Nous attendons en revanche de cette entreprise qu'elle aborde avec les autorités la question de la libre circulation des informations sur le Net. Le courrier que nous avons reçu indique clairement que C&W refuse d'effectuer ce type de démarche", a ajouté Reporters sans frontières. La réponse de C&W (extraits) La lettre, signée de Lesley Smith, directeur des relations publiques de l'entreprise, indique que C&W doit respecter les législations nationales dans tous les pays où elle exerce une activité, y compris "les réglementations touchant à Internet". Elle précise que "la forme de gouvernement d'un Etat est une question qui concerne ses citoyens et sur laquelle des investisseurs étrangers ne peuvent pas intervenir". Lesley Smith ajoute que "les moyens de communication modernes contribuent de manière significative à améliorer la situation des droits de l'homme et des libertés". Il conclut en expliquant qu'il serait malvenu "d'abuser de l'hospitalité" des pays dans lesquels C&W investit "en s'impliquant directement dans des affaires politiques". ----------------------------------------- 20.07.2004 Lettre ouverte à Francesco Caio, P-D.G de Cable & Wireless Le géant des télécoms britanniques Cable & Wireless (C&W) détient 45% de Dhiraagu, l'entreprise qui gère le Réseau des Maldives. Or, ce pays est l'un des plus répressifs au monde en matière la liberté d'expression sur Internet. Quatre internautes y sont notamment emprisonnés pour avoir transmis des documents critiques envers le gouvernement. Reporters sans frontières demande au P-D.G de C&W, Francesco Caio, de faire pression sur les autorités maldiviennes pour que cesse la censure abusive du Net et obtenir la libération des internautes détenus. "Cable & Wireless a affirmé être très concernée par les questions de droits de l'homme. Nous espérons donc que son principal dirigeant prendra conscience des conséquences éthiques de l'exploitation du Réseau dans un pays comme les Maldives", a précisé l'organisation. C&W a pris en charge les télécoms de l'archipel en 1977. 21 ans plus tard, l'entreprise britannique a investi à hauteur de 45% dans Dhivehi Rajjeyge Gulhun Limited (Dhiraagu), société mixte créée pour gérer les Télécoms de l'archipel. L'Etat est le principal actionnaire de Dhiraagu, qui dispose aujourd'hui d'un monopole sur l'accès à Internet. Sur son site, C&W déclare "supporter les dispositions de la déclaration universelle des droits de l'homme" et fait du "développement de comportements éthiques au sein de l'entreprise" l"une de ses priorités. LA LIBERTE D'EXPRESSION SUR INTERNET AUX MALDIVES Internautes emprisonnés Mohamed Zaki, Ahmad Didi, Ibrahim Lutfy et son assistante Fathimath Nisreen ont été arrêtés, en janvier 2002, pour avoir collaboré à Sandhaanu, un bulletin d'information diffusé par e-mail qui dénonçait les atteintes aux droits de l'homme et la corruption aux Maldives. Accusés de « diffamation » et d'avoir « tenté de renverser le gouvernement », Mohamed Zaki, Ibrahim Lutfy et Ahmad Didi ont été condamnés à la prison à vie, le 7 juillet 2002. Fathimath Nisreen, qui n'avait que 22 ans lors de son procès, a écopé de 10 ans d'emprisonnement. Ibrahim Lutfy a réussi à s'évader de prison, le 24 mai 2003, et vit aujourd'hui en Suisse. Le peintre et dissident politique Naushad Waheed a également été arrêté, le 9 décembre 2001, pour être entré en contact par e-mail avec Amnesty International. Il a été condamné, le 12 octobre 2002, à 15 ans de prison pour avoir commis « un acte antigouvernemental ». Naushad Waheed a été torturé à plusieurs reprises au cours de sa détention. Net censuré Les autorités censurent, par l'intermédiaire de Dhiraagu, les publications en ligne éditées par des opposants au régime. Le site du principal parti d'opposition, www.maldiviandemocraticparty.org, le site d'information www.sandhaanu.com, relancé par Ibrahim Lutfy, ainsi que le magazine en ligne www.maldivesculture.com, consacré aux droits de l'homme et basé à l'étranger, sont inaccessibles dans l'archipel. Le pouvoir bloque également l'accès aux groupes de discussion utilisés par les internautes dissidents.
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Updated on 20.01.2016