Côte d’Ivoire : à l’approche des élections présidentielles, RSF communique ses recommandations pour assurer la liberté d’informer

A la veille de l’élection présidentielle du 31 octobre et face à la multiplication des menaces contre les journalistes en Côte d’Ivoire, Reporters sans frontières (RSF) publie ses recommandations pour améliorer le travail des journalistes et leur permettre d’exercer leur mission en protégeant leur sécurité physique sur le terrain.

Alors que, depuis quelques jours, de nouvelles manifestations sont organisées par l’opposition pour contester la candidature jugée « inconstitutionnelle » du président Alassane Ouattara à un troisième mandat lors du scrutin du 31 octobre prochain, RSF s’inquiète des tensions et menaces, de la part des forces de l’ordre et des manifestants, qui entourent la couverture de ces événements par les journalistes.

 

Plusieurs correspondants étrangers ont ainsi été la cible de menaces sur les réseaux sociaux lors d’un meeting de l’opposition, le 11 octobre dernier à Abidjan. Des responsables de partis de l’opposition sont allés jusqu’à appeler à s’en prendre physiquement aux journalistes. Cet été déjà, Julien Adayé, correspondant de la Deutsche Welle en Côte d'Ivoire, avait été brutalisé par des agents de police à Abobo, dans le nord d’Abidjan, alors qu’il couvrait une manifestation de l’opposition contre la candidature du président Alassane Ouattara. Un peu plus tôt, début juillet, André Sylver Konan, directeur du site d'information Afriksoir, et Félix Diby Boni, journaliste à abidjan.net, avaient fait l’objet de menaces et d'attaques verbales de la part de responsables politiques pour leur couverture de manifestations et de meetings politiques. 

 

Pour la préservation de la sécurité physique des journalistes et le respect de la liberté de la presse, RSF recommande

 

aux candidats de :

- ne pas entraver le travail des journalistes et de respecter leur intégrité physique et leur matériel ;

- leur faciliter l’accès aux manifestations et leur permettre d’effectuer des prises de vue(s), sachant que la participation à un événement public implique l’éventualité d’être photographié ou filmé.

 

à l’Etat ivoirien de :  

 

  • garantir le respect de la liberté de la presse et de la liberté d'informer avant, pendant et après l’élection ;
  • œuvrer pour la protection et la sécurité des journalistes contre toutes les formes de violences, de pressions, de discriminations, de procès inéquitables et toutes tentatives visant à les empêcher d’accomplir leur mission ou d’affaiblir leur capacité à le faire en conformité avec les normes internationales, et en particulier le Pacte international sur les droits civiques et politiques ;
  • mettre fin aux arrestations et sanctions injustifiées contre les journalistes ;
  • s'abstenir de proférer des menaces publiques et de mener des campagnes de dénigrement contre les journalistes, et condamner ces actes ;
  • respecter les obligations de l'Etat en vertu du droit national et international en ce qui concerne la liberté de la presse et la protection des journalistes, le pluralisme et l'indépendance des médias ;
  • mener des enquêtes impartiales et indépendantes dans le but d'identifier et de poursuivre les responsables de crimes de violence contre les journalistes ;
  • ordonner aux gouverneurs de province de s'abstenir de toute menace et violence verbale à l'encontre des journalistes et de veiller à ce que les forces de sécurité ne commettent plus de violences physiques à leur encontre ;
  • mettre fin aux fermetures arbitraires de médias, aux procédures pénales abusives contre les journalistes et à toutes les formes de harcèlement et de pression sur les journalistes, les propriétaires et les employés des médias ; 
  • garantir qu’internet, y compris les médias sociaux et autres plateformes de communication numérique, reste ouvert, accessible et sécurisé dans toute la République de Côte d'Ivoire avant, pendant, et après les élections ;
  • faire respecter les dispositions de la loi garantissant l'accès aux informations détenues par l'État.

 

aux médias de :

-       respecter les principes sur les droits et devoirs des journalistes ;

-       assurer une couverture des événements de manière éthique et sans incitation à la haine, notamment dans les émissions d’information ;

-       faire preuve de professionnalisme dans le cadre de la modération des débats et des interviews, et ne pas donner la parole à ceux qui propagent la haine à l’égard de communautés religieuses et ethniques.

La Côte d’Ivoire occupe la 68e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2020 par RSF.

Publié le
Updated on 02.11.2020