Reporters sans frontières s'élève contre les méthodes « archaïques et brutales » de la police guinéenne. Le 14 février, Lansana Sarr, reporter du quotidien gouvernemental Horoya, a été brutalisé puis interpellé par la brigade spéciale d'intervention de la police nationale. Dix jours plus tard, la Brigade anticriminalité (BAC) et la police municipale de Conakry ont roué de coups Sotigui Kaba, reporter du groupe de presse Le Lynx-La Lance.
Reporters sans frontières s'élève contre les méthodes « archaïques et brutales » de la police guinéenne qui, en l'espace de dix jours, a roué de coups deux journalistes qui exerçaient leur métier.
« Le président Lansana Conté ne devrait pas tolérer que ce genre d'épisodes indignes ait lieu dans la capitale du pays, a déclaré l'organisation. Il doit faire sanctionner les responsables et prendre des mesures pour que ces agressions ne se reproduisent plus. Les journalistes ne doivent pas être les souffre-douleur d'une police aux ordres des puissants. »
Le 14 février, Lansana Sarr, reporter du quotidien gouvernemental Horoya, a été brutalisé puis interpellé par la brigade spéciale d'intervention de la police nationale, alors qu'il était venu couvrir les négociations sur un plan de licenciement entre des employés et la direction de l'hôtel Riviera Marina à Conakry. L'ancien hôtel Camayenne ayant changé de direction, 105 employés étaient entrés en pourparlers afin de toucher des indemnités de départ. Les employés et les responsables syndicaux s'étaient rassemblés à l'extérieur de l'hôtel lorsque la police est intervenue brutalement. Connaissant sa qualité de journaliste, les policiers ont saisi Lansana Sarr, lui ont confisqué son téléphone portable et son appareil photo avant de le rouer de coups. Traîné de l'autre côté de la route, le journaliste s'est relevé et s'est adressé à l'officier commandant l'unité d'intervention. Selon son témoignage, les policiers se sont alors emparés de lui et l'ont fait monter de force dans une camionnette de la Compagnie mobile d'intervention de la sécurité (CMIS). Il a été détenu à la direction de la Sûreté urbaine pendant plus de cinq heures. Son matériel professionnel ne lui a été restitué que le lendemain.
Dix jours plus tard, la Brigade anticriminalité (BAC) et la police municipale de Conakry ont roué de coups Sotigui Kaba, reporter du groupe de presse Le Lynx-La Lance, obéissant à un ordre personnel de la sœur d'un ministre. Le journaliste avait été dépêché par sa rédaction pour couvrir le mouvement social des chauffeurs de camion de la compagnie Transport-Terrassement-Minier (TTM) dans le quartier de Matoto, une banlieue Est de la capitale. Dès son arrivée sur les lieux, il a été pris à partie et insulté par Hawa Sangaré, sœur du ministre de l'Environnement Kader Sangaré. « Ces farfelus de journalistes viennent nous provoquer dans notre service », aurait-elle déclaré, avant d'ordonner aux policiers de brutaliser Sotigui Kaba. Le journaliste a alors été fouetté, frappé à coups de matraque, de crosse de fusil et de bottes, avant d'être déshabillé. Son carnet de notes, sa carte de presse et sa carte d'identité ont été confisqués.