Brutale opération policière contre une radio communautaire du Chiapas désormais réduite au silence
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Des explications doivent être fournies par les autorités judiciaires et policières de l’État du Chiapas après le brutal démantèlement, assorti d’arrestations, de la radio communautaire Radio Proletaria, le 12 octobre 2010, à Tuxtla Gutiérrez.
Dans la soirée, un commando cagoulé et armé, composé d’une trentaine de policiers et de fonctionnaires du ministère de la Justice de l’État du Chiapas (PGJE), a fait irruption dans les installations de l’Organización Popular Emiliano Zapata, qui abrite Radio Proletaria. La station est affiliée à l’Association mondiale des radios communautaires (AMARC).
Sans s’identifier ni présenter le moindre document justifiant cette intervention, les fonctionnaires ont arrêté six personnes, dont un mineur de 14 ans qui travaillait pour la station, libéré vingt-quatre heures plus tard. La totalité du matériel de transmission de Radio Proletaria a été confisquée, réduisant la station au silence.
AMARC et Reporters sans frontières exigent des autorités chiapanèques qu’elles rendent compte publiquement des motifs et du déroulement de cette opération. Etait-il reproché à Radio Proletaria une diffusion sans fréquence légale ? Si tel était le cas, une injonction de mise aux normes était possible sans recourir à la répression et à la censure. La PGJE du Chiapas a commis une violation du droit d’informer. Elle doit restituer le matériel dérobé à Radio Proletaria dans les plus brefs délais.
En outre, l’arrestation d’un mineur, privé du droit de contacter sa famille, constitue une violation flagrante des règles les plus élémentaires du droit pénal. Ce garçon a été sommé, au cours de sa détention, de désigner le domicile de trois autres représentants de Radio Proletaria. Un procédé aussi inadmissible mérite davantage que des sanctions administratives contre les fonctionnaires concernés. Les personnes arrêtées et encore détenues dans le cadre de cet assaut doivent recouvrer la liberté en l’absence de chefs d’inculpation valables.
La criminalisation des radios communautaires au Mexique n’est pas nouvelle. Les procédés utilisés par les autorités du Chiapas pour intimider une communauté et censurer son média rappellent d’ailleurs étrangement les méthodes appliquées par l’armée et la police fédérale, en janvier 2009 dans le Michoacán, contre la radio indigène Uékakua. Dans cette précédente affaire comme dans celle qui vient d’avoir lieu, les règles de la Convention interaméricaine des droits de l’homme ont été bafouées. L’OEA doit exiger réparation des autorités mexicaines.
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Updated on
20.01.2016