Brian Bonner réintégré à son poste de rédacteur en chef du Kyiv Post
Organisation :
Reporters sans frontières salue le retour de Brian Bonner en tant que rédacteur en chef du Kyiv Post. Le propriétaire du titre, Mohammed Zahour, est revenu sur sa décision de le licencier pour désaccords éditoriaux, après quatre jours de grève des journalistes. La création d’un conseil éditorial spécial, composé de Brian Bonner et de trois représentants de la rédaction, a même été annoncé pour garantir l’indépendance du journal et se prémunir des ingérences extérieures.
“Ce revirement montre que malgré la volonté de contrôle réaffirmée par les autorités et les patrons de presse en Ukraine depuis plus d’un an, ces derniers peuvent plier devant la mobilisation de la profession et de l’opinion”, a déclaré Reporters sans frontières. “Il s’agit d’une belle victoire pour la rédaction du Kyiv Post, et d’un encouragement pour tous ceux qui se battent pour la liberté de la presse en Ukraine.”
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19/04/2011 Le rédacteur en chef du Kyiv Post renvoyé, le journal en grève
Reporters sans frontières s’indigne du licenciement de Brian Bonner, rédacteur en chef du Kyiv Post, le 15 avril 2011, alors que les médias ukrainiens évoluent dans un climat délétère. Sous la pression d’un gouvernement de plus en plus fermé à la contestation, le licenciement semble être devenu la nouvelle arme du régime pour se débarrasser des journalistes critiques et museler la presse indépendante. Nous rappelons que pour garantir l’indépendance de la presse, le contenu éditorial d’un média ne peut être déterminé par ses propriétaires.
Alors qu’il s’apprêtait à publier une interview du ministre de l’Agriculture Mykola Prysiazhniuk, Brian Bonner a reçu un appel de Mohammed Zahour, propriétaire du Kiyv Post et patron du groupe Istil. Il lui a demandé, sous peine de bloquer la parution du journal, de ne pas faire paraître son article, qui concernait le manque de transparence du gouvernement dans l’attribution des quotas d’exportation de céréales. Refusant de répondre à ce qu’il considérait à juste titre comme de la censure, Brian Bonner a décidé de passer outre et de publier l’article. Il a été licencié le jour même. Ces derniers mois, il avait reçu plusieurs avertissements de la part des représentants de Mohammed Zahour. On lui reprochait son manque de soutien à la politique du président Victor Yanoukovitch. Brian Bonner, à la direction du Kyiv Post depuis 3 ans, est un journaliste au professionnalisme reconnu.
À l’annonce du limogeage de leur rédacteur en chef, les journalistes de la rédaction se sont mis en grève, dénonçant une ingérence grave. Dans une lettre ouverte publiée le 18 avril, ils demandent à Mohammed Zahour de revenir sur sa décision, rappelant qu’en aucun cas, le licenciement n’est une solution à des différends éditoriaux. Le Kyiv Post est un journal indépendant, « quel que soit le gouvernement » ce qui est « rare et important » dans le pays, ont rappelé les journalistes. Le groupe Istil a publié, en réponse, un communiqué sur le site du journal affirmant que le licenciement n’était pas motivé par la publication de l’interview du ministre de l’agriculture mais par des divergences d’opinion. Une journaliste du Kyiv Post a rapporté à Reporters sans frontières que l’accès aux ordinateurs et boîtes emails du journal avait été bloqué hier par la direction. Ce matin, mardi 19 avril, les journalistes étaient dans l'impossibilité d'entrer dans leur bureau.
Ce limogeage intervient alors qu’un autre rédacteur en chef, Serhiy Tyhy, a été licencié le 11 avril 2011, après différents désaccords éditoriaux avec les propriétaires du journal Gazeta po-kievski. Les journalistes n’ont pas été payés pendant 3 mois, jusqu’à ce que le rédacteur quitte son poste. La parution du titre de presse avait même été bloquée. Selon Serhiy Tyhy, l’une des raisons évoquées pour justifier son licenciement aurait été la publication d’un article critique sur le président ukrainien paru en février 2011.
Sous la présidence de Victor Yanoukovitch, la liberté de la presse s’est considérablement dégradée en Ukraine, qui figure à la 131ème place sur 178 du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016