Bolivie: le journaliste Juan Carlos Paco placé en détention sans justification
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Mise à jour du 30 juillet 2015: libération de Juan Carlos Paco
Le mercredi 29 juillet, après sept jours de détention, le journaliste Juan Carlos Paco a finalement été remis en liberté par les autorités boliviennes. RSF se réjouit de cette nouvelle, et reste attentive à la suite donnée à l’enquête judiciaire et au traitement réservé au journaliste.
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Reporters sans frontières (RSF) demande la libération immédiate du journaliste Juan Carlos Paco, de FM 107.1 Radio Líder, emprisonné à La Paz depuis cinq jours après avoir couvert des manifestations régionales pour des médias de Potosí (Sud).
Le journaliste bolivien Juan Carlos Paco Veramendi a été arrêté et placé en détention provisoire le mercredi 22 juillet 2015, alors qu’il couvrait une manifestation du Comité civique de Potosí (COMCIPO) dans la capitale, La Paz. Au cours de ce rassemblement, plusieurs affrontements ont eu lieu entre les forces de l’ordre et certains manifestants, qui ont utilisé des explosifs.
Le vendredi 24 juillet, le tribunal pénal de La Paz confirmait que le journaliste – au même titre que deux dirigeants du COMCIPO également incarcérés – serait jugé pour « perturbation de l’ordre public et détention d’explosifs » et resterait en détention préventive le temps de l’enquête, qui pourrait durer plusieurs mois. Le parquet n’a jusqu’ici fourni aucune preuve de l’implication du journaliste dans les violences du 22 juillet.
La juge en charge du dossier a reconnu avoir reçu des documents certifiant que Juan Carlos Paco était dans l’exercice de ses fonction lors de son arrestation, et que son appareil d’enregistrement avait été confisqué. Ces éléments n’ont pas été jugés suffisants pour prononcer la libération du journaliste, accusé d’avoir «dépassé les limites éthiques de sa profession» et d’avoir «manqué d’impartialité».
«Reporters sans frontières demande la libération immédiate de Juan Carlos Paco. Celui-ci ne faisait qu’exercer son travail de journaliste au moment des faits, déclare Emmanuel Colombié, responsable du bureau Amériques de RSF. Nous demandons au gouvernement et à la justice bolivienne de ne pas criminaliser le travail des journalistes. La détention préventive de Juan Carlos Paco n’est pas justifiée tant que le parquet n’a pas sérieusement enquêté et fourni des preuves de sa participation aux actes de violence.»
Le journaliste de Radio Líder était missionné par la Fédération des travailleurs de la presse de Potosí pour couvrir cette manifestation, dans le cadre d’un mouvement de revendication régionale de plus de deux semaines dans la région de la ville impériale. Plusieurs institutions, dont la Confédération des travailleurs de la presse de Bolivie et le Défenseur du peuple, ont exprimé leur incompréhension face à l’arrestation de Juan Carlos Paco et demandent sa libération.
En mars dernier, le journaliste Carlos Quisberth, du quotidien El Diario, avait également été arrêté alors qu’il enquêtait sur une affaire judiciaire concernant la mort d’un bébé dans un centre pour mineurs de l’Etat de La Paz. Il avait été détenu pendant quatre jours pour «obstruction à la justice».
Tandis que des magistrats arrêtent arbitrairement des professionnels des médias, la justice bolivienne fait preuve d'une grande lenteur pour enquêter sur les agressions et assassinats de journalistes. L’étrange disparition du journaliste Cristian Osvaldo Mariscal Calvimontes de Red Plus TV à Tarija (Sud) illustre le peu de considération réservé aux professionnels de l’information dans le pays.
La Bolivie se situe à la 94ème place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en février 2015.
Publié le
Updated on
20.01.2016