Blocages et convocations : la liberté de l’information réprimée pendant la campagne électorale

Reporters sans frontières condamne la vague de censure qui touche de nombreux sites d’informations iraniens et internationaux depuis le 15 mai 2013, à l’approche de l’élection présidentielle du 14 juin prochain. Plusieurs sites d'information proches des différents candidats ainsi que des services en ligne tels que Google et Yahoo! ont été bloqués. Ces blocages montrent le degré de tension qui règne entre les différents courants conservateurs à la veille de la ratification des candidatures par le Conseil des Gardiens de la constitution, le 21 mai 2013, qui ouvre la campagne électorale pour les candidats. Depuis le 4 mai 2013, le régime a renforcé le système de filtrage du Net et les coupures du réseau sont de plus en plus fréquentes. Les sites Meyarnews, Roshanaee, Baharana et Bahaaronline, proches de l’actuel gouvernement, qui assuraient la couverture des informations sur le candidat Esfandiar Rahim Mashaei, et les sites http://aftabnews.ir/ et http://www.ayandenews.com/ proches d'Akbar Hachemi Rafsandjani, ont été fermés sur ordre du groupe de travail de détermination de contenus criminels. Le site du quotidien Bar est lui aussi inaccessible depuis le 21 mai 2013. Parallèlement à ces blocages, plusieurs journalistes de Téhéran et d’autres provinces ont été convoqués par les Gardiens de la révolution et le ministère des Renseignements pour interrogatoire. La plupart d’entre eux sont proches d'Akbar Hachemi Rafsandjani et d’Esfandiar Rahim Mashaei, respectivement président du Conseil de discernement du régime et premier conseiller du président Mahmoud Ahmadinejad, tous deux candidats à l'élection présidentielle, mais par le Conseil des Gardiens de la Constitution, le 21 mai 2013. Les journalistes proches des autres candidats indépendants ou opposants ont également été convoqués et interrogés pendant plusieurs heures. Au cours de ces interrogatoires, il leur a été demandé de mettre fin à leur soutien aux “candidats qui ne sont pas dans la ligne du Guide suprême Ali khamenei”. D’autres journalistes, pour la plupart d’anciens prisonniers politiques, ont également été convoqués par le ministère des Renseignements. Il leur a été demandé de “choisir entre la prison ou partir en vacances jusqu'à la fin des élections”. Foad Sadeghi, rédacteur en chef du site d’informations Baztab Emrooz, a été arrêté, le 18 mai dernier, après avoir été convoqué par le parquet de Téheran. Ali Ghazali, directeur du site, avait été arrêté le 4 mai 2013. Les prisonniers bénéficiant de permissions ont été convoqués par les responsables de la justice et sommés de mettre fin à celle-ci. Parmi eux, les journalistes et net-citoyens Bahaman Ahamadi Amoee, Ahmad Zeydabadi, Masoud Bastani, Mehdi Mahmudia, Shiva Nazar Ahari et Hossien Ronaghi Maleki. Tous doivent retourner en prison avant le 22 mai 2013. La majorité des prisonniers étaient en permission pour raisons médicales. Ainsi, le net-citoyen Hossien Ronaghi Malki, arrêté le 13 décembre 2010, purgeant une peine de dix-sept ans de prison malgré plusieurs opérations des reins et un état de santé très alarmant, doit se présenter à la prison d'Evin avant le 22 mai. Il avait été condamné le 29 avril 2013 par un tribunal de la ville de Tabriz à cinq mois de prison et 50 000 tomans (environ 50 euros) d'amende pour “menace contre la santé publique”. Le 11 août dernier, pendant une permission, ce défenseur des droits de l’homme avait participé à une opération de secours des victimes du tremblement de terre de la province d'Azerbaïdjan oriental, au nord-ouest du pays. Pendant plusieurs jours, les autorités ont empêché toute information relative à cette catastrophe de circuler. La société civile et les internautes, indignés par ce comportement, se sont mobilisés. Une semaine après, une dizaine de secouristes ont été arrêtés par la police.
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Updated on 20.01.2016