Birmanie : le rédacteur en chef Kyaw Min Swe, nouvelle victime de la persécution paranoïaque des journalistes par la junte

Directeur d’un groupe de presse qui a dû cesser de publier au lendemain du coup d’Etat de 2021, Kyaw Min Swe vient d’être arrêté après avoir réagi à l’annonce d’un massacre de civils par la junte birmane. Reporters sans frontières (RSF) exige sa libération immédiate et inconditionnelle.

Son arrestation a été tenue secrète pendant dix jours. Kyaw Min Swe, rédacteur en chef du journal Aasan - “La voix”, en birman - a été arrêté le 11 avril dernier à son domicile de Rangoun, la principale ville du pays. Selon des informations révélées en ligne ce vendredi 21 avril, et confirmées par RSF, il a été officiellement mis en examen selon les termes de l'article 505A du Code pénal qui punit, notamment, la publication d’informations hostiles à la Tatmadaw, l’institution militaire birmane. 

En fait d’information hostile, Kyaw Min Swe a simplement remplacé sa photo de profil sur son compte Facebook par l’image d’un carré noir, en réaction à l’annonce du bombardement par la junte du village de Pazi Gyi, ce même 11 avril, dans le centre du pays - un massacre qui a fait au moins 171 morts, essentiellement des civils. Pour cela, le journaliste risque désormais trois ans de prison.

“L’arrestation de Kyaw Min Swe est un symbole : dans un pays où règne contre les journalistes la terreur la plus abjecte, même la publication d’un carré noir, qui est la forme la plus élémentaire du commentaire journalistique, peut mener en prison. Or, la volonté d’effacer tout témoignage des exactions commises est l’une des caractéristiques des criminels de guerre. La junte birmane montre là son visage le plus cruel, celui d’un régime aux abois, dont la persécution paranoïaque des journalistes ne connaît plus de limite.

Daniel Bastard
Responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF

Directeur du groupe Living Color Media, qui publie Aasan, Kyaw Min Swe a dû cesser la publication du journal au lendemain du coup d’Etat militaire du 1er février 2021, qui avait entraîné l’interdiction de l’essentiel des organes de presse indépendants. 

Après deux ans de dictature militaire, la Birmanie est devenue la deuxième plus grande prison de journalistes, après la Chine. Le durcissement de la terreur qu’elle déploie contre les médias indépendants, tel que RSF l’a récemment décrit, explique qu’elle se situe dans les limbes du Classement mondial de la liberté de la presse de RSF, à la 176e place sur 180 pays.

Publié le