Bilan de la campagne électorale : pas d'indépendance pour les médias

Reporters sans frontières dénonce l’absence d’information objective dans le paysage médiatique iranien depuis le 21 mai 2009, date de lancement de la campagne l’élection présidentielle, prévue le 12 juin.

انتخابات در ایران : کمپین دروغین! Reporters sans frontières dénonce l’absence d’information objectives dans le paysage médiatique iranien depuis le 21 mai 2009, date de lancement de la campagne l’élection présidentielle, prévue le 12 juin. Pendant cette période, au moins 15 journalistes ont été convoqués ou menacés dans les villes de Machhad, Ahvaz, Sanandaj, Khoram Abad, Kohdasht et Tabriz. Tous sont poursuivis en justice pour avoir critiqué le président sortant ou exposé clairement leur opinion politique dans des articles. Selon les estimations de Reporters sans frontières, les candidats opposés à Mahmoud Ahmadinejad ont eu moins de deux heures pour s’exprimer sur les radios et télévisions nationales. Le temps de parole du président s‘élève à dix fois le leur. Lors des quatre débats entre les différents candidats, chacun disposait de quarante minutes de temps de parole. Or, ce soir, le Président sortant Mahmoud Ahmadinejad disposera de quarante-cinq minutes, seul, pour s’adresser aux électeurs. De plus, certains reportages diffusés à la suite des débats télévisés qui se sont tenus depuis le début de la campagne relayaient des informations favorables à Mahmoud Ahmadinejad. “Les quelque 46 millions d’électeurs iraniens appelés à voter le 12 juin auront été privés, pendant toute la campagne, d’une information indépendante dans les médias nationaux. Les journalistes iraniens sont surveillés par les autorités et ne peuvent pas rendre compte objectivement des débats et enjeux politiques à leurs concitoyens. Malgré la multitude de titres officiels, l’information est uniforme. La radio et la télévision sont utilisées par le gouvernement. Les journaux qualifiés d’‘opposition’ servent avant tout les intérêts des autres candidats. Ce ne sont malheureusement pas des espaces libres”, a déclaré Reporters sans frontières. Depuis le 9 juin 2009, le journal réformateur Yas-e No (“Nouveau jasmin”) a été interdit à la demande de Saïd Mortazavi, le procureur de Téhéran. Il avait pu reparaître le 3 juin dans les kiosques, alors que sa parution était interdite depuis le 17 mai 2009. Yas-e No a déjà connu six ans d’interdiction en raison de son opposition au gouvernement. Déjà le 5 novembre 2008, le journal Shahrvand Emrouz avait été suspendu sur ordre du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique. Dans les quatre derniers numéros du journal, la rédaction avait dressé les portraits d’hommes politiques considérés comme des candidats potentiels à la future élection présidentielle. La Toile a également subi la censure. Ainsi, le réseau social en ligne Facebook a été bloqué du 23 au 26 mai, à la demande du ministère de l’Information, considérant que cette plateforme relayait majoritairement le programme des réformateurs. Pour Mahmoud Ahmadinejad, il devrait y avoir “dix mille miliciens pour dix mille blogs” afin de permettre l’omniprésence de son parti sur Internet. De fait, des sites et des blogs d’opposition ou indépendants ont été détournés. Par exemple, le site populaire Rooz a été supplanté par un site intitulé Rooz.ir, qui diffusait des informations en faveur du président actuel. “Même Internet est devenu un espace de lutte politique que les partis envahissent à coups de sites, de blogs et de commentaires créés pour l’occasion, permettant de nombreuses censures et empêchant les Iraniens d’accéder à une information libre”, a poursuivi Reporters sans frontières. Par ailleurs, les ambassades de la République islamique d’Iran à Berlin, Paris, Rome ou Madrid ont refusé d’accréditer des journalistes étrangers pour couvrir les élections. Plusieurs dossiers ont été perdus et les attachés de presse des ambassades iraniennes ont demandé des “contreparties rédactionnelles à l’avantage du Président”, en échange de l’obtention d’un visa. L’Iran conserve la tête du peloton des pays du Moyen-Orient qui emprisonnent des journalistes. Depuis l’arrivée au pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad, en 2005, les responsables des agences officielles telles que l’IRNA (Agence d’informations de la République islamique) et l’ISNA (Agence d’informations des étudiants iraniens) ont été remplacés par certains de ses plus proches soutiens. Plusieurs sites d’informations ont été créés dans le but affiché de soutenir le Président, comme Rajanews, Mehrnews, et le site Farsnews, proche des services de sécurité. Entre août 2005 et la fin du mois de mai 2009, plus de 100 médias ont été censurés et plus de 100 journalistes et blogueurs ont été arrêtés et condamnés. Liste des cyberdissidents et journalistes actuellement emprisonnés : - 1er mai 2009 - Alireza Saghafi (Rah Ayandeh) en détention provisoire. - 1er mai 2009 - Kaveh Mozafari (Change for equality), en détention provisoire. - 26 avril 2009 - Sajad Khaksari (Galam Moalem) en attente de jugement. - 29 novembre 2008 - Mojtaba Lotfi - Cyberdissident - Condamné à quatre ans de prison et cinq ans de bannissement pour “diffusion d’opinions du grand ayatollah Montazeri” et de “publicité contre le régime”. - 18 novembre 2008 - Bahman Totonchi (Karfto) condamné à un an de prison et en attente du tribunal d’appel. - 1er novembre 2008 - Hossein Derakhshan - blogueur (http://www.hoder.com) en détention provisoire. Aucune nouvelle depuis son arrestation. - 7 août 2008 - Massoud Kurdpoor, journaliste indépendant condamné à un an de prison. - 1er juillet 2007 - Mohammad Sadegh Kabovand (Payam-e mardom-e Kurdestan), condamné à huit ans de prison. - 25 janvier 2007 - Adnan Hassanpour (Asou), en attente du verdict après l’annulation de sa condamnation à mort. - 18 décembre 2006 - Kaveh Javanmard (Karfto), condamné à 3 ans deprison. - 1er novembre 2006 - Mohammad Hassin Falahieh Zadeh (Alalam), condamné à 3 ans prison. ------------------ Liste des candidats - Mahmoud Ahmadinejad - Mehdi Karubi - Hossein Mousavi - Mohsen Rezayi ------------------- Reporters sans frontières appelle les candidats à la présidentielle à prendre des engagements en faveur de la liberté de la presse
Publié le
Updated on 20.01.2016