Bilan de l’aide financière de Reporters sans frontières aux journalistes et médias en danger en 2009

Dans le cadre de sa mission d’assistance aux journalistes et médias locaux en danger, Reporters sans frontières a accordé 134 bourses d’assistance en 2009. Ces bourses, dont le montant total s’élève à plus de 110 000 euros, ont permis aux professionnels des médias et à leurs familles de faire face aux difficultés liées à leurs activités journalistiques. Elles ont été envoyées vers les cinq régions du monde couvertes par notre organisation : Maghreb et Moyen-Orient, Asie, Afrique, Europe et ex-URSS et Amériques. 1. La répartition géographique des bourses accordées 84% des bourses accordées en 2009 ont été envoyées à destination du Maghreb et Moyen-Orient, de l’Afrique et de l’Asie. 37 % des bourses ont été destinés à des journalistes et médias confrontés à un danger imminent dans la région Maghreb et Moyen-Orient, 26 % ont été envoyés vers la région Afrique et 21% à destination de l’Asie. Le pourcentage élevé des bourses à destination du Maghreb et Moyen-Orient s’explique par l’engagement de Reporters sans frontières dans une campagne de soutien aux journalistes iraniens. Face aux menaces d'arrestation et dans l'impossibilité d'exercer leur métier, plus de cinquante professionnels des médias iraniens ont été contraints à l’exil depuis la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence, le 12 juin 2009. Depuis le début de cette campagne, les autorités françaises ont répondu favorablement aux demandes de visas d’urgence adressées par notre organisation qui, en contre-partie, s'était engagée à prendre en charge les frais de transport des personnes concernées, à les aider dans les démarches administratives liées à leur demande d'asile et à leur allouer des bourses leur permettant de faire face à leurs besoins de première nécessité. Compte tenu de l'engorgement des structures d'accueil des demandeurs d'asile en région parisienne, Reporters sans frontières a également pris en charge l'hébergement de 14 journalistes et leurs familles (21 personnes au total). 2. Les bénéficiaires des bourses En 2009, les journalistes réfugiés à l’étranger et les journalistes menacés dans leur pays ont bénéficié de plus de 100 bourses d’assistance. Suivent les journalistes emprisonnés, qui ont reçu par l’intermédiaire de leur famille 10% des bourses allouées, les médias indépendants, les journalistes hospitalisés et les familles. Reporters sans frontières a également accordé quelques bourses à des organismes/organisations de défense de la liberté de la presse. 3. L’objet des bourses accordées Les 134 bourses accordées au cours de l’année 2009 ont répondu à différents besoins : soutien des médias, protection des journalistes, assistance des réfugiés, participation aux frais médicaux ou de justice, soutien aux familles, compensation de salaire… a. L’assistance des réfugiés Près d’un tiers des bourses accordées, soit 31%, ont été destinées à l’assistance des réfugiés. Ce volet correspond principalement à l’envoi d’argent permettant aux journalistes ayant fui leur pays de pouvoir faire face à leurs besoins de première nécessité. Par exemple, une bourse de 700 euros a permis à un journaliste iranien de se mettre en lieu sûr. Des agents du service des renseignements iranien avaient contacté des membres de sa famille et leur avaient donner l’adresse exacte du journaliste dans le pays de refuge avant de menacer de le ramener de force sur le territoire iranien. Reporters sans frontières a réagi rapidement afin de lui permettre de se mettre en sécurité. b. La protection des médias et journalistes en danger Sur les 134 bourses, 22% ont contribué à la protection des médias et des journalistes en danger. En juillet 2009, notre organisation a octroyé une aide de 2 000 dollars et a fait parvenir vingt gilets pare-balles à une quinzaine de journalistes et collaborateurs des principaux médias en Somalie. Sans gouvernement stable depuis 1991, la Somalie est le pays d’Afrique le plus meurtrier pour les journalistes. Depuis 2007, dix-sept journalistes ont été abattus et de nombreux professionnels des médias continuent d’être victimes d’agression, d’arrestations et d’enlèvements. c. Le financement des frais médicaux ou de justice et le soutien des familles de journalistes en difficulté Une dizaine de bourses (13%) ont permis de financer des frais médicaux ou de justice. A ce titre, Tamer Mabrouk, blogueur égyptien, a reçu une bourse après avoir été condamné à 6000 euros d’amende pour "diffamation" et "outrage" pour avoir accusé une entreprise de pollution. En septembre 2009, Reporters sans frontières a également aidé un journaliste gambien devant être hospitalisé à l’étranger. Notre organisation l’a aidé à récolter les fonds nécessaires à l’intervention chirurgicale et a financé son voyage. Notre organisation a également soutenu plusieurs familles de journalistes en prenant en charge une partie des mois de salaires dont elles étaient privées du fait de l’hospitalisation ou des frais de justice. Ce volet représente 7% des bourses accordées en 2009. d. Le soutien de médias locaux en danger Dans le cadre du soutien de médias locaux, Reporters sans frontières a financé une importante partie du coût de réparation de l'émetteur et de l'amplificateur de la radio associative tchadienne FM Liberté, qui avaient cessé de fonctionner suite à un court-circuit, en février 2009. Ayant pour mission de diffuser une information générale tout en mettant l’accent sur la défense des droits de l’homme, cette radio a été plusieurs fois fermée par les autorités publiques pour "fonctionnement illégal", "comportement déviant". L’argent envoyé a permis aux journalistes de reprendre rapidement leurs activités.
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Updated on 25.01.2016