Benjamín Fernández « hors de danger »
Victime d'un attentat par balles, le 6 novembre, à Loma Bonita (Etat de Oaxaca, Sud), Benjamín Fernández (photo), de la station Radio Loma/Radio Hit, est désormais « hors de danger », selon les autorités judiciaires locales. L'enquête pourrait être confiée à la justice fédérale.
Reporters sans frontières a appris avec horreur l'attentat par balles commis contre Benjamín Fernández, de Radio Loma, le 6 novembre 2005, à Loma Bonita (Etat de Oaxaca, Sud). Le journaliste est actuellement entre la vie et la mort. « Le Mexique est devenu, en 2005, le pays d'Amérique latine le plus meurtrier pour les journalistes. La prise de conscience du gouvernement n'a pas produit les résultats espérés. Les enquêtes aboutissent rarement et l'impunité demeure la règle. Il est impératif que le parquet spécial promis par le gouvernement fédéral pour les affaires de presse voit le jour et que ses enquêteurs disposent de réels moyens. L'attentat commis contre Benjamín Fernández traduit cette urgence », a déclaré Reporters sans frontières. Le 6 novembre, vers 18 heures, Benjamín Fernández se promenait dans un parc d'un quartier périphérique de Loma Bonita, lorsqu'une camionnette de couleur foncée aux vitres teintées s'est approchée de lui. Un individu est descendu du véhicule, a sorti un pistolet-mitrailleur dissimulé sous ses vêtements et a fait feu sur le journaliste. Ce dernier a reçu dix impacts de balles de calibre 9 mm au corps et à la tête. Le tueur a rapidement regagné la camionnette où l'attendait son complice et les deux hommes ont pris la fuite. Les barrages dressés par la police autour de Loma Bonita n'ont pas permis de les intercepter. Transporté à l'hôpital de Tuxtepec, Benjamín Fernández est entre la vie et la mort. Les médecins ont relevé d'importantes lésions dont certaines ont atteint des points vitaux. Journaliste de la station locale Radio Loma, Benjamín Fernández a souvent épinglé des fonctionnaires et des hommes politiques dans ses chroniques et ses reportages. La police de l'Etat de Oaxaca, en charge de l'enquête, n'exclut pas l'hypothèse de représailles. La situation entre la presse et le pouvoir politique local est particulièrement tendue dans l'Etat de Oaxaca. Depuis le mois de juin, un lourd conflit oppose le gouverneur de l'Etat, Ulíses Ruiz Ortiz et ses partisans, au quotidien Noticias de Oaxaca, dont l'activité a subi, dès lors, des entraves régulières. L'attentat dont a été victime Benjamín Fernández rappelle ceux commis, dans des conditions similaires et toujours en attente d'élucidation, contre Dolores Guadalupe García Escamilla, de la radio Stereo 91 XHNOE à Nuevo Laredo (Nord-Est) le 5 avril 2005 (la journaliste est décédée onze jours plus tard), et contre le directeur du quotidien La Opinión Raúl Gibb Guerrero, le 8 avril dans l'Etat de Veracruz (Est). A ce lourd bilan s'ajoutent les récents assassinats de trois journalistes, dont les liens avec leur activité professionnelle n'est pas établi. José Reyes Brambila, du quotidien Vallarta Milenio, a été retrouvé poignardé, le 17 septembre, dans le coffre de sa voiture à Guadalajara (Etat de Jalisco, Ouest). Julio César Pérez Martínez, du quotidien Siglo de México (dont la diffusion a cessé au mois de juillet) a été mortellement blessé lors d'un échange de tirs entre bandes armées le 24 octobre à Reynosa (Etat de Tamaulipas, Nord-Est). Hugo Barragán, chroniqueur à Radio Max et pour la revue La Crónica de la Cuenca, a été battu à mort, le 30 octobre, à son domicile de Tierra Blanca (Etat de Veracruz). Dans ce dernier cas, la piste professionnelle a d'ores et déjà été écartée par le ministère de la Justice de l'Etat, en raison de l'implication répétée de la victime dans des affaires de mœurs. Enfin, outre les journalistes assassinés, Alfredo Jiménez Mota, fait-diversier du quotidien El Imparcial est toujours porté disparu depuis le 2 avril 2005 à Hermosillo (Etat de Sonora, Nord-Ouest).