Bahreïn: RSF dénonce une décision politique visant à empêcher une journaliste de travailler

RSF est indignée à la suite des charges portées contre la journaliste bahreïnie Nazeeha Saeed par le parquet, l’accusant de travailler avec des médias internationaux sans autorisation. RSF demande aux autorités de cesser leur harcèlement à son encontre et de lui permettre de poursuivre son travail.

Convoquée le 17 juillet au parquet, Nazeeha Saeed s’y est rendue avec son avocat Hameed Al Mullah sans aucune idée de ce qui l’attendait. A la suite d’un interrogatoire, la correspondante pour France 24 et Radio Monte-Carlo Doualiya a été accusée de travailler illégalement pour des médias internationaux.




RSF demande aux autorités de cesser leur acharnement sur la journaliste bahreïnie et lui permettre de poursuivre son travail en toute légalité” déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient. “RSF condamne les tentatives des autorités d’empêcher la journaliste de travailler, en lui imposant d’abord une interdiction de voyager injustifiée et incomprise, ensuite en l’accusant de travailler illégalement alors qu’elle a toujours été en règle.


Nazeeha Saeed est accusée d’être correspondante pour des médias internationaux sans avoir obtenu de licence de la part de cette autorité au sein du Ministère de l’information. Le renouvellement de ce permis qu’elle a demandé fin mars 2016, et qui se fait chaque an, lui avait pourtant été refusé le 20 juin dernier prétextant une mise en cause sa performance en tant que correspondante au royaume du Bahrein. Selon la journaliste, il s’agit de la première fois en 12 ans que ce permis lui est refusé. Elle risque une amende allant jusqu’à 1000 dinars bahreinis (2400 euros).


Ces accusations surviennent peu après une interdiction de voyager imposée à la journaliste sans aucune explication fournie.


RSF rappelle que la journaliste bahreinie fait partie de la campagne internationale #FightImpunity lancée en novembre 2015 par l’organisation dans le but de faire pression sur les autorités pour traduire en justice les responsables de crimes contre les journalistes. En effet, Nazeeha Saeed lutte depuis longtemps pour obtenir justice après avoir été torturée et humiliée pendant 13 heures par des policières en 2011 au poste de police de Rifa’a lors de sa convocation pour avoir couvert des manifestations pro-démocratiques à Manama. RSF avait condamné en novembre 2015 la décision arbitraire du ministère de la justice de ne pas poursuivre devant les tribunaux les responsables des actes de torture contre la journaliste sous prétexte d’une insuffisance de preuves.


Près de 15 journalistes et blogueurs sont actuellement emprisonnés au Bahrein. Le royaume se place en 162e position sur 180 du Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2016 par Reporters Sans Frontières.

Publié le
Updated on 19.07.2016