Neuf professionnels des médias ont trouvé la mort dans des attaques ciblées alors qu'on dénombre de plus en plus de journalistes enlevés et exécutés. Par ailleurs, le journaliste irakien Bilal Hussein est détenu par l'armée américaine depuis six mois.
Reporters sans frontières est choquée par l'annonce de l'attaque à main armée de la télévision privée irakienne Al Chaâbiya faisant au moins huit morts et plusieurs blessés au sein de la rédaction. Par ailleurs, le nombre de journalistes enlevés et par la suite exécutés ne cesse d'augmenter, faisant toujours de l'Irak le conflit le plus meurtrier pour les professionnels des médias. Enfin, le journaliste irakien Bilal Hussein est détenu depuis six mois par l'armée américaine à Bagdad.
"Le décompte des journalistes tués s'accélère de jour en jour. Nous sommes alarmés par le nombre de professionnels des médias enlevés en Irak. Chaque semaine nous apprenons qu'un nouveau journaliste a été enlevé et exécuté, une fois que les ravisseurs se rendent compte que les familles ne sont pas en mesure de payer les rançons exorbitantes demandées. Les journalistes locaux sont les premières victimes de ces enlèvements", a déclaré l'organisation.
"Depuis plus d'une année, les journalistes n'osent plus circuler dans les rues de la capitale irakienne avec des voitures portant le logo de leur média et l'inscription "Presse", un moyen de protection des journalistes pourtant utilisé dans d'autres zones périlleuses. Une fois de plus, nous appelons les autorités irakiennes à assurer leur sécurité et à mettre en place un groupe spécial d'enquête afin de faire la lumière sur ces assassinats", a ajouté Reporters sans frontières.
Des assassinats en série
Le siège d'une nouvelle chaîne de télévision privée, Al Chaâbiya, a été attaqué par un groupe armé inconnu. Selon des témoins, les assaillants, qui portaient des uniformes de la police, ont tué les gardes à l'entrée avant de s'introduire dans les locaux et de tirer sur toutes les personnes qui s'y trouvaient. Abderrahim Nasrallah, directeur de la chaîne, Dhakir Hussein Al Chouaili, Ahmed Chaâban, réalisateurs et cinq gardiens de sécurité ont trouvé la mort tandis que deux journalistes, Michtak Al Maâmouri et Mohammed Kazem Al Finiyin ont été blessés. Selon des sources locales, l'attaque pourrait être attribuée à un groupe chiite qui aurait souhaité punir la chaîne parce qu'elle est financée par des capitaux libyens. Le président libyen, Moammar Kadhafi est considéré par de nombreux chiites comme le commanditaire et l'instigateur de l'enlèvement de l'imam Moussa Al-Sadr au Liban il y a vingt-huit ans.
Par ailleurs, le 10 octobre 2006, le corps du journaliste Azad Mohammed Hassan a été retrouvé à la morgue de Bagdad. Le journaliste de la radio Dar Al Salam avait été enlevé sept jours auparavant par un groupe armé non identifié dans le quartier Al Shaâb, au nord de Bagdad. Son corps portait de nombreuses traces de torture.
Le 51e journaliste enlevé depuis mars 2003
En outre, Ali Karim, le rédacteur en chef de l'hebdomadaire Nabd Al Chabab, a été enlevé le 9 octobre dans le quartier Al Amin à l'est de Bagdad alors qu'il se dirigeait vers les locaux du journal. Ses ravisseurs ont contacté le syndicat des journalistes en demandant une rançon de 50 000 dollars.
Un journaliste détenu depuis six mois par l'armée américaine
D'un autre côté, Bilal Hussein, correspondant de l'agence Associated Press à Bagdad, est détenu par l'armée américaine depuis six mois pour "raisons sécuritaires". Arrêté le 12 avril 2006, il est suspecté d'entretenir des relations avec les insurgés, et pourtant aucune charge n'a encore été retenue contre lui. Reporters sans frontières demande aux autorités américaines de fournir rapidement des preuves des accusations portées contre le journaliste, ou bien de le libérer.
Depuis le début du conflit en 2003, 118 journalistes et collaborateurs des médias ont été tués en Irak et cinq sont actuellement retenus en otages.