Avec six journalistes au banc des accusés, la parodie de justice se poursuit

Le 25 août 2009, s’est ouverte devant la 15e chambre du Tribunal révolutionnaire de Téhéran la quatrième audience du procès chargé de juger les opposants à la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Les journalistes Said Hajarian, Saide Lylaz, Ahmad Zeydabadi, Said Shariti, Mohammad Ghochani et Masoud Bastani étaient sur le banc des accusés. « Avec cette quatrième audience, la parodie de justice continue. Tous les défenseurs des droits de l’homme, en Iran comme à l’étranger, doivent réagir face à ce spectacle affligeant : aveux forcés, prévenus privés de leurs droits, réquisitoires collectifs - alors même que de tels réquisitoires sont interdits en droit iranien -, accusés torturés, etc. Dans ce procès, les journalistes sont présents pour avoir fait leur travail : informer les citoyens iraniens au sujet des manifestations, alors même que les autorités souhaitaient mettre fin à cette image apocalyptique d’un pays en crise », a déclaré l’organisation. A la barre aujourd’hui, Said Hajarian notamment, arrêté le 16 juin. Alors même qu’il est gravement handicapé, ce journaliste a fait l’objet de tortures et de mauvais traitements, à la suite de quoi il a dû être hospitalisé. Il a été contraint de faire des aveux et de demander pardon au Guide suprême et au peuple iranien. Said Hajarian étant incapable de parler, du fait de son handicap, ses aveux ont été lus par un autre prévenu, le journaliste Said Shariti, détenu depuis le 29 juillet. N’ayant pas eu accès au dossier de son client, l’avocat de Said Hajarian, Maître Gholamali Riahai, a refusé d’être présent à l’audience, préférant démissionner. Depuis le début du procès, les avocats assurant la défense des journalistes n’ont pu ni rencontrer leurs clients, ni consulter leur dossier. Des avocats commis d’office, proches des services des renseignements, ont été appointés par le procureur de Téhéran. D’une manière générale, les conditions de détention dans les prisons iraniennes sont dramatiques. Le 29 juillet, Mehdi Karoubi, candidat réformateur à l’élection présidentielle du 12 juin, avait affirmé que des jeunes détenus avaient été victimes de mauvais traitements, et même de viols. Reporters sans frontières a reçu plusieurs témoignages de journalistes confirmant que la majorité des personnes incarcérées à la section 209 de la prison d’Evine subissent de fortes pressions psychologiques et font l’objet de mauvais traitements. Le journaliste Ahmad Zeydabadi, arrêté le 14 juin, a d’ailleurs déclaré à sa famille que « pendant trente-cinq jours, je suis resté dans une cellule qui ressemblait à une tombe. Je n’entendais rien de l’extérieur, et je n’ai vu personne ». Reporters sans frontières a appris la libération, le 24 août 2009, de la journaliste Mahssa Amrabad, contre le versement d’une caution. Elle avait été arrêtée le 14 juin. Par ailleurs, Somayeh Tohidloo, directrice du blog http://smto.ir, a été libérée le 22 août. Cette blogueuse, arrêtée le 14 juin 2009 à son domicile, était également emprisonnée à la section 209 de la prison d’Evine.
Publié le
Updated on 20.01.2016