Avancées dans l'enquête sur l'assassinat d'un journaliste, incroyable lenteur dans une autre

Reporters sans frontières prend acte des récentes avancées dans l’enquête sur l’assassinat, le 25 mai 2009 dans l’État de Durango (Centre-Nord), d’Eliseo Barrón Hernández, spécialiste de faits-divers pour le quotidien Milenio Torreón. Arrêtés le 6 juin, cinq membres des Zetas, un groupe paramilitaire versé dans le racket et le narcotrafic, ont reconnu avoir tué le journaliste dans le but de contraindre la presse locale à l’autocensure. Les cinq prévenus se nomment : José Pedro Jauregui Jiménez, Raúl Francisco Rodríguez Valderrama, Víctor Alfredo López Ramírez, Oscar Cárdenas Castillo et Israel Sánchez Jaimes. Ce dernier aurait confessé être l’auteur du tir mortel contre le journaliste, sur ordre du chef des Zetas, Lucio Fernández alias “Lucifer”, gêné par les révélations de la presse sur ses agissements. “Les confessions des suspects dans l’affaire Eliseo Barrón Hernández tendent à confirmer que le journaliste a été assassiné pour ses activités professionnelles. Pire, sacrifié pour terroriser ses confrères. Il importe que l’enquête, menée au niveau fédéral, se poursuive et mette au jour les possibles complicités dont les tueurs ont pu bénéficier. Eliseo Barrón Hernández enquêtait en effet sur la corruption de la police. Sa mort a porté à 49 le nombre de journalistes assassinés au Mexique depuis 2000. La presque totalité de ces crimes demeurent impunis bien que, dans certains cas, les commanditaires soient connus”, a déclaré Reporters sans frontières, dont une délégation doit se rendre au Mexique au mois de juillet. L’organisation demande publiquement au ministère fédéral de la Justice (Procuraduría General de la República, PGR) les raisons du retard pris dans le dossier concernant l’assassinat d’Armando Rodríguez Carreón, abattu le 13 novembre 2008 à Ciudad Juárez (Nord). D’après le quotidien El Diario pour lequel travaillait la victime, le parquet général de l’État de Chihuahua aurait transmis au niveau fédéral les résultats de l’enquête, afin que soient arrêtés le commanditaire présumé et ses complices. “Il est incompréhensible que la PGR n’ait pas répondu aux instructions du ministère fédéral de l’Intérieur qui lui a répercuté les pièces du dossier”, a déclaré Reporters sans frontières. L’organisation note que le Secrétariat à la Défense nationale a pris des sanctions justes et nécessaires, le 11 juin, contre des militaires responsables d’une agression de journalistes, dont un photographe d’El Diario, à la suite d’un accident de la circulation de Ciudad Juárez. Enfin, Reporters sans frontières exprime sa préoccupation quant au sort de Lydia Cacho, auteur d’une enquête retentissante sur des réseaux de pédophilie impliquant des hommes politiques. La journaliste vient de faire l’objet de nouvelles menaces de mort, via son courrier électronique, et a confié à l’organisation ne bénéficier pour l’heure d’aucune protection.
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Updated on 20.01.2016