Reporters sans frontières interpelle le ministre de l'Intérieur et le ministre de l'Information, affiliés au Parti maoïste, pour qu'ils mettent un terme aux violences et aux menaces dont sont victimes les journalistes de la part d'une dizaine de groupes armés.
Reporters sans frontières est très préoccupée quant à la sécurité des professionnels des médias en proie à la recrudescence des actions des groupes armés dans les districts du Sud. Depuis le 1er janvier 2007, au moins 72 professionnels des médias ont été victimes d'attaques de groupes, notamment maoïstes, qui ont recours à la violence contre les journalistes et les populations civiles. L'organisation publie avec ce communiqué une liste des principaux incidents impliquant des groupes armés.
"Le constat est effrayant. Les journalistes sont victimes d'un véritable harcèlement. Les militants armés veulent les faire taire ou les obliger à devenir des porte-voix dociles. Il est nécessaire que les autorités, notamment les ministres de l'Intérieur et de l'Information, mettent tout en œuvre afin de mettre un terme à ce climat d'hostilé affichée. Il est du devoir du gouvernement de garantir le travail de la presse, notamment avant les prochaines échéances électorales", a affirmé l'organisation.
Reporters sans frontières interpelle plus particulièrement le ministre de l'Information et de la Communication, Krishna Bahadur Mahara, porte-parole du gouvernement et du Parti maoïste, pour qu'il appelle au plus vite toutes les organisations affiliées à cesser les menaces et les agressions de journalistes.
Bien que les maoïstes aient accepté, en avril 2006, de déposer les armes, de plus en plus de groupes rebelles se manifestent dans le pays, menaçant ainsi le processus de paix et le travail des professionnels des médias, notamment dans la région du Terai. D'après des informations rendues publiques par le ministère de l'Intérieur, au moins neuf groupes armés sont actifs et n'hésitent pas à recourir à la violence.
Dans certains cas, ils reprochent aux journalistes de rédiger des articles mettant en lumière leurs abus. Dans d'autres, c'est le manque de couverture de leurs actions qui vaut à la presse d'être attaquée.
Le 1er juin 2007, des membres du parti Jantantrik Terai Mukti Morcha (JTMM) ont menacé les employés des stations Narayani FM et Radio Birgunj, car ces derniers n'avaient pas diffusé d'informations sur le mouvement de grève qu'il avait lancé. Pendant plusieurs heures, le 12 janvier 2007, des éléments du JTMM avaient enlevé Rajendra Rai et Dewaan Rai, journalistes pour Auzaar National Daily.
Les menaces de mort sont devenues monnaie courante dans les provinces du Sud. Le Madhesi Jana Adhikar Forum (MJAF) est le groupe le plus violent envers les professionnels des médias. A lui seul, il est responsable d'au moins seize agressions de journalistes depuis le début de l'année. Les 8 et 9 mars, six journalistes ont ainsi été agressés à Sunsari et Morang par des éléments du MJAF.
Le 13 mars 2007, des membres du Madhesi Tiger Nepal ont menacé de "représailles sévères" tous les professionnels des médias. Le 28 janvier, des membres du Madhesi Adhikar Janatantrik Forum (MAJF) ont agressé les reporters Ram Sarraf, Dhruba Sah,Bhuwan Jha et Kiran Pande, puis ils ont menacé de mort tous les journalistes qui tentaient de couvrir des émeutes survenues dans le Sud.
De son côté, des membres de la Young Communist League, organisation de jeunesse lié au Parti maoïste, ont été impliqués dans l'agression, le 27 mai, d'un journaliste de la chaîne Nepal One. Les employés du Narayani Express sont également menacés depuis plusieurs mois.
Parfois les attaques ne sont pas revendiquées bien que les journalistes estiment qu'elles portent la signature de groupes maoïstes. C'est notamment le cas de l'agression de Shambu Sharki le 27 mai 2007, ou des entraves répétées à la distribution du journal Kantipur, en février et en mars 2007, ou encore des menaces proférées à l'encontre de Santosh Neupane du Narayani Express, le 22 avril 2007.