Attentat contre le domicile d'un journaliste de l'État d'Oaxaca, obligé de se cacher

Reporters sans frontières demande que la piste professionnelle soit privilégiée dans l’enquête sur l’attentat dont a été victime Guillermo Soto Bejarano, directeur et éditorialiste de l’hebdomadaire régional De Opinión, le 30 août 2009 à son domicile de Salina Cruz (État d’Oaxaca, Sud). L’organisation sollicite également des mesures de protection pour le journaliste et sa famille, obligés de quitter leur domicile depuis le drame. “S’il n’a heureusement pas fait de victime, cet attentat est le deuxième visant dans un court intervalle Guillermo Soto Bejarano et son média, dont la rédaction avait essuyé des coups de feu. L’absence de réactions des autorités de Salina Cruz est incompréhensible. Nous espérons que le ministère fédéral de la Justice, dont la délégation à Oaxaca a été saisie de l’affaire, ménera à bien l’enquête qui s’impose. La sécurité de Guillermo Soto Bejarano et des siens doit être garantie de telle sorte qu’il puisse poursuivre ses activités”, a déclaré Reporters sans frontières, qui a dénombré six attentats ou attaques à main armée contre des rédactions ou des domiciles de journalistes au Mexique depuis le 1er janvier 2009. Le pays, le plus dangereux du continent pour la profession, compte 50 journalistes tués depuis 2000. Des inconnus circulant à bord d’une camionnette noire ont ouvert le feu à l’arme de gros calibre, dans la matinée du 30 août, contre le domicile de Guillermo Soto Bejarano. Réveillé par les tirs, le journaliste, comme il l’a confié à Reporters sans frontières, a juste eu le temps de protéger ses enfants dont le plus jeune dormait dans une pièce donnant sur la rue. Arrivée sur les lieux quelques minutes plus tard, la police municipale de Salina Cruz a relevé quatre impacts de balles. Le journaliste a saisi la délégation du ministère fédéral de la Justice et s’est mis à l’abri avec ses proches, sur les conseils de la police, mais sans bénéficier de protection pour l’instant. Salina Cruz compte une raffinerie de Pemex, la compagnie pétrolière nationale, qui a fait l’objet de nombreux articles du directeur de De Opinión. La colonne éditoriale de Guillermo Soto Bejarano s’intitule d’ailleurs “Refinando la Noticia” (“raffiner l’information”). Le journaliste a évoqué d’autres mobiles possibles de représailles, liés à ses activités, dont il n’a pas souhaité faire état publiquement par sécurité. Le Mexique se classe au 140e rang sur 173 pays au classement mondial de la liberté de la presse établi par l’organisation pour l’année 2008.
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Updated on 20.01.2016