Assassinats et menaces se poursuivent dans le Caucase : “Nous devons soutenir les représentants de la société civile abandonnés par les autorités”

Le 11 août 2009, c’est avec émotion et colère que Reporters sans frontières a appris que les corps sans vie de Zarema Sadoulaeva (photo, Ingushetia.org) et de son mari, Alik Djabraïlov, ont été retrouvés dans le coffre de leur voiture en Tchétchénie, après leur enlèvement la veille dans la capitale tchétchène. Zarema Zadoulaeva dirigeait l’ONG “Sauvons la génération”, dont le but était d’empêcher, par des actions de réinsertion, la jeunesse tchétchène de rejoindre les rangs des combattants séparatistes. Le même jour, Malik Akhmedilov, journaliste de l’hebdomadaire Khakikat (Vérité), en langue avare, a été retrouvé mort au Daghestan, république voisine de la Tchétchénie. Enfin, la semaine dernière, Roza Malsagova, a dû quitter ses fonctions de rédactrice en chef du site Ingushetia.org, à la suite des menaces de mort contre elle et ses enfants, émanant de combattants se présentant comme des “moudjahiddins”. “Il est plus qu’urgent que l’Europe, la France, et la communauté internationale dans son ensemble prennent conscience du drame qui se joue dans le Caucase russe et témoignent activement de leur soutien aux représentants de la société civile, abandonnés par les autorités et confrontés à l’impunité la plus totale” , a déclaré Reporters sans frontières. “Par ailleurs, les propos du dirigeant tchétchène, Ramzan Kadyrov, lors d’une interview accordée à la radio Svoboda, le 8 août, sont proprement intolérables et constituent une menace indirecte à l’adresse de tous les militants des droits de l’homme. Désormais, ces hommes et femmes qui sont autant de sources inestimables d’information sur la situation réelle dans le Caucase, doivent se considérer comme des cibles potentielles de violences futures”, a poursuivi l’organisation. “Il est scandaleux qu’après de tels crimes et moins d’un mois après l’assassinat de Natalia Estemirova, Ramzan Kadyrov, ne soit pas sommé par le Kremlin de rendre des comptes et de veiller à l’arrêt des assassinats. Après tout, selon le président tchétchène, la Tchétchénie est la plus sûre des républiques de Russie”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 11 août 2009, les dépouilles de Zarema Sadoulaeva et de son mari, ont été découvertes dans le canton de Tchernoretchié (Grozny), dans le coffre de leur voiture. Les deux défenseurs des droits de l’homme ont été abattus, après avoir été enlevés la veille à 14 heures, dans les bureaux de l’organisation “Sauvons la génération”, en plein centre de la capitale tchétchène. Le 15 juillet dernier, Natalia Estemirova, militante de l’ONG « Mémorial », avait été enlevée à Grozny, alors qu’elle se rendait à l’association. Le corps de cette critique acerbe de la politique du président tchétchène avait été découvert quelques heures plus tard en Ingouchie. Cette république voisine de la Tchétchénie est déstabilisée et en proie à une recrudescence des violences. L’une des rares sources d’information sur les exactions qui s’y déroulent est le site Ingushetia.org, dont le propriétaire Magomed Evloïev a été abattu le 31 août 2008 à son arrivée dans la république. Roza Malsagova était, jusqu’à la semaine dernière, rédactrice en chef de ce site. A la suite de menaces de mort répétées à son encontre, de la part de groupes rebelles l’accusant d’être au service du gouvernement, elle a dû renoncer à ses fonctions. Le 8 août, Ramzan Kadyrov, a déclaré dans un entretien accordé à la radio Svoboda (Liberté) que Natalia Estemirova, était une “femme sans honneur, sans dignité, ni conscience”. La Russie est à la 141e place du classement 2008 de la liberté de la presse, publié par Reporters sans frontières. Lire le rapport d'enquête de Reporters sans frontières sur le Caucase russe : "Caucase russe : le rideau de fer médiatique". Lire les articles de Natalia Estemirova publiés dans Novaïa Gazeta Lire le communiqué en russe/Читать на русском
Publié le
Updated on 20.01.2016