Assassinats et agressions récurrentes contre les journalistes

Le présentateur de l’émission « Liqa Sakhen » sur la chaîne satellitaire Al-Iraqiya Alaa Mohsen a été grièvement blessé par l’explosion d’une charge placée sous sa voiture, le matin du 27 septembre 2010, alors qu’il s’apprêtait à quitter son domicile de Biyaa, dans la localité de Saydiya, pour se rendre à son travail à Bagdad. Emmené d’urgence à l’hôpital du quartier de Yarmouk dans la capitale, il est actuellement entre la vie et la mort. C’est le troisième attentat ciblé contre un présentateur de programme télévisé depuis le départ des forces américaines entamé le 31 août dernier (http://fr.rsf.org/irak-second-assassinat-cible-d-un-08-09-2010,38319.html). En effet, cette dernière tentative de meurtre fait suite aux assassinats ciblés des présentateurs Safaa Al-Dine Abdul Hamid de la chaîne satellitaire Al-Mossouliya, le 8 septembre 2010, et Riyad Al-Saraï, de la chaîne Al-Iraqiya, le 7 septembre 2010. Dans ce climat de terreur et d’impunité, les agressions contre les journalistes par les forces de sécurité irakiennes se multiplient : Bachar Al-Badrani, journaliste reporter d’images (JRI) de la chaîne satellitaire Al-Charqiya, a été victime d’une agression de la part d’éléments de l’armée présents à Mossoul, dans le gouvernorat de Ninwa, le 23 septembre 2010. Le journaliste se rendait à une conférence de presse, quand il a été pris à partie par les forces armées irakiennes avec une violence inouïe. Après avoir ouvert le feu sur son véhicule, ils l'ont forcé, ainsi que son chauffeur, à descendre. Ils ont été ensuite roués de coups. Les coups ont redoublé après que Bachar Al-Badrani a signifié sa qualité de journaliste. De nombreux journalistes ont été molestés par la garde rapprochée du président de la Fondation des martyrs irakiens, Khalaf Abdel Samad, lors de la couverture d’un séminaire qu'il tenait le 22 septembre 2010 à Al-Nassiriya, au sud de Bagdad. Suite à l’ordre de Khalaf Abdel Samad d’évacuer les journalistes de la salle, le personnel de sécurité a réagi avec une violence inattendue. Le cameraman de la chaîne al-Fiha Sat a été frappé alors qu’il filmait l’événement. Un des gardes a tenté de détruire son matériel. Les correspondants des chaînes Al-Ahd et Al-Ahouar, Jassem Khalaf et Mohammed Saadoun, et la correspondante de la chaîne Al-Fiha, Maroua Al-Shammary, ont également reçu des coups. Le journaliste Hazem Habib de l’hebdomadaire Al-Sabah, a été traîné de force hors de la salle. Tard dans la nuit du 21 septembre 2010, alors qu’ils revenaient de couvrir un séminaire de discussions entre les représentants des différentes coalitions politiques à Bagdad, un groupe de journalistes a été passé à tabac par les membres des forces de sécurité à un poste de contrôle dans le quartier de Yarmouk. Après avoir arrêté leur véhicule, les policiers ont demandé à ses passagers de descendre. Ils les ont aussitôt saisis de force, pour les plaquer au sol et les frapper. Le directeur de l’information du quotidien Sawt Bagdad, Karim Al-Shammary, et le cameraman de la chaîne satellitaire Kurdistan TV ont été blessés au visage. La présentation de leur carte de presse s’est avérée inutile contre les coups et les insultes. Un tel climat d’impunité mine les possibilités de développement d’une presse libre et indépendante dans le pays. Les coupables de telles exactions doivent être jugés et condamnés. Reporters sans frontières réitère son souhait de voir aboutir le projet de loi sur la protection des journalistes dans l’exercice de leur profession. Amorcé en septembre 2009, elle demeure lettre morte au Parlement (http://fr.rsf.org/irak-protection-des-journalistes-08-04-2010,36962.html).
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Updated on 20.01.2016