Arrêté aussitôt après les faits, Fernando Chauque, l'un des deux tueurs présumés, aurait eu une liaison avec la concubine du journaliste, témoin direct de l'assassinat. Les enquêteurs privilégient donc le mobile passionnel, malgré les réserves de certains collègues de la victime.
Quarante-huit heures après l'assassinat de Juan Carlos Zambrano, directeur d'un programme de la chaîne locale Canal 7 à Jujuy (Nord-Ouest), les autorités chargées de l'enquête accréditent de moins en moins l'hypothèse d'un crime lié à l'activité de la victime. Parmi les deux hommes suspectés d'avoir ouvert le feu sur le journaliste devant son domicile, la nuit du 19 mars 2008, Fernando Chauque, 34 ans, arrêté aussitôt après les faits, aurait eu une liaison avec la concubine du défunt. La jeune femme, âgée de 22 ans, se trouvait en compagnie de Juan Carlos Zambrano au moment où il a été tué. “Il n'y a aucun élément qui permette de relier cet homicide à l'activité professionnelle du journaliste Zambrano”, a déclaré le juge Juan Carlos Nieves, cité par le Forum du journalisme argentin (FOPEA, organisation de défense de la liberté de la presse). Une thèse désormais soutenue par l'avocat de la victime, Bruno Aguilar. Certains collègues et supérieurs du journaliste assassiné n'excluent pas totalement le mobile professionnel, compte tenu de récentes menaces envers Juan Carlos Zambrano et l'assaut de manifestants, le 14 mars 2008, contre la maison de Guillermo Jenefes, sénateur du Parti justicialiste (PJ, au pouvoir) et propriétaire du groupe Radio Visión Jujuy, dont fait partie la chaîne Canal 7.
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19.03.08 - Un journaliste assassiné à bout portant devant son domicile de Jujuy, le mobile professionnel privilégié par ses collègues
Reporters sans frontières exprime son horreur après l'assassinat par balles, le 19 mars 2008, de Juan Carlos Zambrano, présentateur de l'émission “Con la gente” (“Avec les gens”) de la chaîne locale Canal 7, devant sa résidence à San Salvador de Jujuy (Nord-Ouest). Un des deux tueurs présumés a été arrêté. L'hypothèse du vol crapuleux étant d'ores et déjà écartée, les collègues de la victime, cible de menaces, privilégient le mobile professionnel.
“Nous exprimons toutes nos condoléances à l'entourage de Juan Carlos Zambrano et à ses collègues du groupe Radio Televisión Jujuy. Nous demandons aux autorités de la province de Jujuy de faire au plus vite la lumière sur cet assassinat, sachant que la victime s'était attirée des inimitiés au sein des milieux politiques locaux. La piste professionnelle mérite toute l'attention des enquêteurs. Les témoignages de la compagne du défunt et d'un suspect du crime sous les verrous devraient rapidement permettre de la corroborer ou non”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 19 mars 2008, vers deux heures du matin, alors qu'il regagnait son domicile, Juan Carlos Zambrano a été surpris par deux hommes qui ont tiré sur lui à bout portant à deux reprises. Rien ne lui a été dérobé. D'après les premières informations fournies par les autorités locales, l'un des suspects a été arrêté et l'autre est en fuite.
Juan Carlos Zambrano, 42 ans, travaillait depuis 1992 pour la chaîne Canal 7, issue du groupe Radio Televisión Jujuy. Il venait de lancer, au début du mois de mars, une nouvelle émission d'information hebdomadaire, “Con la gente”, traitant des problèmes locaux du quotidien. Il avait récemment dénoncé à l'antenne l'augmentation du prix des transports publics à Jujuy, ce qui lui avait valu de fortes critiques de plusieurs élus municipaux.
D'après Sabrina Galván, l'une de ses collègues, Juan Carlos Zambrano était la cible de menaces constantes en provenance des milieux politiques et syndicaux de Jujuy. L'avocat du présentateur, Bruno Aguilar, a signalé à l'organisation que le journaliste avait reçu des menaces après avoir annoncé son intention de poursuivre en justice pour “diffamation” Pablo Lozano, un conseiller municipal de San Salvador de Jujuy - la capitale provinciale -, qui l'avait vivement critiqué dans deux articles publiés en 2007. Sur le mobile de l'assassinat, Sabrina Galván est catégorique. “Le crime est lié au travail journalistique de Juan Carlos Zambrano. Il ne s'agit ni d'un hasard ni d'un vol”, a confié la journaliste à Reporters sans frontières.