Evgueny Maininger, principal suspect dans le meurtre d'Alexeï Sidorov, rédacteur en chef du quotidien régional Toliattinskoye Obosrenie, a été acquitté le 11 octobre. Reporters sans frontières, qui avait déjà émis des réserves sur le sérieux des investigations, a demandé que l'enquête soit transférée au parquet général de Moscou, de façon à garantir sa transparence et son objectivité.
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La cour du district de Komsomolski (Togliatti, Volga) a acquitté Evgueny Maininger, le 11 octobre 2004, considérant que le parquet n'avait pas apporté les preuves sa culpabilité dans le meurtre d'Alexeï Sidorov, rédacteur en chef du quotidien régional Toliattinskoye Obosrenie, survenu le 9 octobre 2003.
Reporters sans frontières, qui avait émis des réserves sur le sérieux de l'enquête menée par le parquet local, a demandé au procureur général, Vladimir Oustinov, de se saisir personnellement de l'enquête, de façon à garantir sa transparence et son objectivité.
Selon Karen Nersisyan, avocat de la famille de la victime, le parquet de la région de Samara, qui a déjà fait appel, ne serait pas à même de rechercher la vérité. Reporters sans frontières, qui s'était rendue sur place en octobre 2003, s'était inquiétée de la tournure prise par l'enquête et avait émis des doutes sur la version officielle.
La justice avait écarté la piste professionnelle, ainsi que d'autres pistes importantes, quelques jours seulement après les faits, sur la base d'éléments insuffisants. Plusieurs déclarations officielles contradictoires avaient également semé le doute quant au professionnalisme avec lequel les investigations étaient menées.
La rédaction de Toliattinskoye Obosrenie estimait pour sa part que l'assassinat était lié aux activités journalistiques d'Alexeï Sidorov et ne croyait pas à la version du crime crapuleux non commandité.
Evgueny Maininger, soudeur à Togliatti, arrêté le 12 octobre 2003, était accusé d'avoir tué le journaliste à la suite d'une bagarre. Selon la version officielle, l'accusé aurait demandé au journaliste, dont il aurait croisé le chemin par hasard, de lui prêter de l'argent pour acheter de la vodka. Une dispute aurait éclaté suite au refus du journaliste, et l'accusé l'aurait poignardé à plusieurs reprises avant de s'enfuir et de jeter l'arme du crime dans la forêt.
La rédaction de Toliattinskoye Obosrenie avait "du mal à croire à la version officielle " pour plusieurs raisons. Lors de la reconstitution, le soir du 17 octobre, les journalistes du quotidien avaient pu constater que l'accusé s'était trompé en désignant le lieu du crime. Par ailleurs, la famille du suspect avait, dans plusieurs déclarations, affirmé que le suspect n'etait pas d'un naturel agressif et qu'il n'avait quitté son domicile que vers 22 heures, heure à laquelle le crime avait déjà été commis. De plus, la rédaction jugeait inimaginable, en raison de la personnalité d'Alexeï Sidorov, qu'il ait pu être partie prenante d'une bagarre telle que celle décrite par les enquêteurs.
Le 9 octobre 2003, vers 22h00, Alexeï Sidorov avait été poignardé par deux hommes dans le parking de son immeuble à Togliatti. Le journaliste, âgé de 31 ans, était décédé peu après dans les bras de son épouse. Alexeï Sidorov avait remplacé Valery Ivanov, après que ce dernier avait été assassiné dans des circonstances similaires le
29 avril 2002. Il avait créé des liens privilégiés avec l'usine de voitures AvtoVaz, poumon économique de la région, qui soutenait financièrement le journal. Avant d'être rédacteur en chef, il était journaliste d'investigation pour Toliattinskoye Obosrenie. Quelques semaines avant sa mort, il avait repris ses recherches sur le milieu du crime mais ni sa rédaction, ni son épouse ne savaient sur quoi il travaillait précisément.
Reporters sans frontières rappelle que les meurtriers de Valery Ivanov n'ont toujours pas été identifiés et traduits en justice.
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