Asos Hardi, figure de la presse indépendante au Kurdistan irakien, passé à tabac

Reporters sans frontières condamne l’agression du fondateur du journal indépendant Awene (Le Mirroir), Asos Hardi, dans la soirée du 29 août 2011 alors qu’il sortait de son bureau à Suleimanieh vers 19 heures. Contacté par Reporters sans frontières, le journaliste raconte avoir été braqué puis mis à terre par un inconnu vêtu de noir avant d’être roué de coups. L’agresseur a agi seul. Une voiture l’attendait à proximité. “J’ai dû être hospitalisé d’urgence et j’ai 32 points de sutures et six hématomes sur la tête, mais mon état est désormais stable et j’ai pu quitter l’hôpital dans la nuit”, a-t-il affirmé. Les autorités de la province autonome ont annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer “les raisons et les coupables de cette agression”. L’organisation constate néanmoins que depuis le début de mouvement de contestation, le 17 février 2011, le nombre d’exactions contre les professionnels des médias est en constante augmentation, et ce malgré les déclarations récurrentes du président Massoud Barzani. Reporters sans frontières exhorte les autorités à faire la lumière dans cette affaire afin que cette volonté affichée par les autorités d’améliorer la sécurité des journalistes se concrétise réellement. Trente-cinq intellectuels kurdes d’Irak ont publiquement condamné l’agression d’Asos Hardi ce 30 août. Lauréat du prix Gebran Tueni 2009, prix qui récompense le courage et l’indépendance des journalistes dans le monde arabe, Asos Hardi a fondé le journal Awene en 2005. Cette agression s’inscrit dans un climat de regain de violences régionales, avec depuis le début du mois d’août, des interventions militaires sur le territoire du Kurdistan irakien, menées par les Gardiens de la Révolution de la République islamique d’Iran, de l’armée turque et d’éléments syriens. De nombreux civils ont été tués aux frontières de la région, et ce dans le silence le plus complet de la communauté internationale. Les regards étant braqués sur la Libye et la Syrie, les médias étrangers sont absents du Kurdistan irakien.