Reporters sans frontières est alarmée par la situation actuelle en Irak. Les assassinats de journalistes se poursuivent tandis que l'armée américaine renoue avec ses pratiques d'arrestation et de détention de journalistes.
Reporters sans frontières s'inquiète pour le sort du photographe Bilal Hussein, correspondant de l'agence Associated Press à Bagdad, détenu depuis le 12 avril 2006 par l'armée américaine pour “raisons de sécurité”. Il est suspecté d'entretenir des relations avec des insurgés irakiens.
“Nous avons appris aujourd'hui la détention, depuis plus de cinq mois, de Bilal Hussein par les forces de la coalition, sans qu'aucune charge soit retenue contre lui. Cette affaire est alarmante, l'armée américaine ne peut le retenir prisonnier indéfiniment. Il doit être libéré ou jugé. Nous appelons les autorités américaines à mettre fin immédiatement à cette situation de non-droit. Nous rappelons que l'armée américaine avait déjà arrêté et détenu cinq journalistes pendant plusieurs mois, avant de les libérer sans inculpation”, a déclaré l'organisation.
Bilal Hussein a couvert les évènements de Falloujah et de Ramadi jusqu'à son arrestation en avril dernier. Après avoir mené des discussions infructueuses pour la libération du photographe, Associated Press a pris la décision de rendre publique l'information.
Par ailleurs, le 13 septembre 2006, l'armée américaine avait arrêté, à Falloujah, Fadel Al-Badrani, cameraman irakien collaborant à l'agence Reuters et à la BBC. Il aurait été emmené sur une base de l'armée à Saklaouia avant d'être relâché le 18. Ali Kahzal, du magazine Al-Falloujah, avait été interpellé à Falloujah le même jour. Il a été libéré le 17 après quatre jours de détention.
“La situation en Irak est extrêmment dangereuse, y travailler comme journaliste c'est devenir une cible”, a en outre déclaré Reporters sans frontières à l'annonce de la mort d'un nouveau journaliste, Ahmed Riyad Al-Karbouli, de la chaîne satellitaire Baghdad TV, tué par balles le 18 septembre. Baghdad TV avait déjà perdu trois de ses journalistes.
Depuis le début du conflit en 2003, 107 journalistes et collaborateurs des médias ont été tués en Irak.