Arrestations de journalistes: dommages collatéraux de luttes politiques
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Reporters sans frontières dénonce l'arrestation arbitraire de deux journalistes dans l'exercice de leur fonction, ainsi que le comportement de la police qui a empêché une vingtaine de journalistes d'accéder au lieu de leur reportage.
Lundi 25 novembre 2013, une vingtaine de journaliste ont été empêchés d'entrer dans l'Hôtel de ville de Kampala où se tenait l'audience de destitution du Maire, Erias Lukwago. D'autres journalistes, initialement dans la salle, se sont vus refuser d'y retourner après être sortis suivre une très violente altercation entre les forces de l'ordre et un avocat du maire qui tentait de soumettre un arrêté de la Cour suspendant la procédure de destitution. Selon un journaliste sur place, seuls les médias d'Etat ont été autorisés à retourner dans la mairie. La police a tenté de saisir les téléphones des journalistes ayant filmé l'incident et plusieurs d'entre eux ont été fortement bousculés.
"Il est tout à fait intolérable que des journalistes dument accrédité soient empêchés de couvrir une procédure gouvernementale publique. Le comportement violent de la police ainsi que les menaces de son chef doivent cesser et ne sont pas dignes d'un Etat démocratique", a déclaré Reporters sans frontières.
"Nous demandons également la libération immédiate du présentateur Richard Kasule," a ajouté l'organisation.
Le 26 novembre, le chef de la police de Kampala, Andrew Kaweesi a promis de "s'occuper" des journalistes, les accusant de reporter de fausses informations et d'inciter le public à la violence.
Quelques heures plus tard, le présentateur de radio et humoriste Richard Kasule a été arrêté dans les locaux de Top FM Radio alors qu'il interviewait Suleiman Kindandala, l'adjoint du maire controversé. Un officiel de la Commission de la Communication, l'organe de régulation, avait contacté la station de radio avant l'arrestation pour leur demander de mettre un terme à l'émission. La direction de la radio avait refusé. M. Kasule a été emmené à la station de police de Wandegeya où il a été retenu pour "incitation du public à la violence", avant d'être transféré à la station de police centrale de Kampala.
Mulindwa Mukasa, journaliste à la chaine de télévision Wavah Broadcasting Services et président du comité d'administration du Human Rights for Journalists Network (HRNJ-U) a été arrêté pour "obstruction et refus d'obéir aux ordres", alors qu'il tentait de rendre visite à Kasule.
Une journaliste de l'agence Uganda Radio Network, Halima Uthman a également été brièvement détenue et n'a été relâchée qu'après l'intervention de sa direction à un haut niveau de la police.
La procédure de destitution de Erias Lukwago résulte d'une longue opposition entre le maire élu de Kampala et la Directrice exécutive de la ville (KCCA), Jennifer Musisi, nommée par le Président.
Elle a mené à plusieurs cas intimidations de la presse. La semaine dernière, le représentant du président pour la ville de Kampala, Samwel Mpimbaza Hashaka avait écrit une lettre menaçante à une organisation des média pour avoir reçu Lukwago dans une émission. Le 25 septembre déjà, un journaliste de Radio Simba, qui avait largement couvert ces luttes intestines, avait été interdit d'assister à une réunion de la mairie.
L'Ouganda figure au 104e rang sur 179 pays du Classement de la liberté de la presse de Reporters sans frontières en 2013.
Publié le
Updated on
20.01.2016