Arrestation du journaliste bangladais Longa Khumi, victime collatérale de la répression de l’armée

Correspondant d’un quotidien bangladais dans le sud-est du pays, Longa Khumi a été arrêté par un bataillon militaire sur la base de documents gardés secrets. Face à l’inconsistance juridique qui entoure son arrestation et son maintien en détention, Reporters sans frontières (RSF) exige sa libération immédiate et inconditionnelle.

Aucune nouvelle depuis une semaine… Le journaliste Longa Khumi a été arrêté le 19 mai par plusieurs membres du Rapid Action Battalion (RAB), l’unité d’élite de l’armée bangladaise, qui l’ont remis le soir-même à la police de Ruma, une municipalité du district de Bandarban, situé dans le sud-est du Bangladesh. 



Correspondant pour le quotidien bengalophone Daily Manab Zamin, le journaliste est accusé, entre autres, de servir d’informateur pour les rebelles du Front national Kuki-Chin (KNF), un groupe armé séparatiste actif dans la région. Selon l’acte d’accusation qui le vise, il est mis en cause sur la base de “documents confidentiels” obtenus par les militaires dans le cadre d’une “opération spéciale” de répression contre le KNF. Il n’a, pour l’heure, pas eu accès à un avocat.

“Interpellation par des soldats, détention abusive, preuves inexistantes… Tout, dans cette affaire, est placé sous le sceau de l’arbitraire. Les éléments présentés par les forces de l’ordre n’apportent absolument aucune légitimité légale à l’arrestation de Longa Khumi qui, d’après nos informations, est clairement une victime collatérale du regain de tension qui secoue la région. Faute d’éléments crédibles présentés par l’accusation, RSF exige sa libération immédiate et inconditionnelle.

Daniel Bastard
Responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF

Selon les témoignages de plusieurs confrères de Longa Khumi, recueillis par RSF, le journaliste se contentait de couvrir le conflit de moyenne intensité qui oppose le KNF à l’armée bangladaise. Tout porte à croire qu’il sert de bouc-émissaire après la mort, deux jours avant son arrestation, de deux militaires fauchés par une explosion à Ruma.



Selon le baromètre des exactions compilées par RSF, le cas de Longa Khumi vient s’ajouter à celui de six autres journalistes, actuellement détenus arbitrairement dans les prisons bangladaises.

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