Arrestation de deux journalistes et condamnation d'un troisième à trois ans de prison

Amir Teirani, journaliste indépendant et Mohamed Reza Bouzeri, journaliste de Golestan-é-Iran, ont été arrêtés respectivement les 16 et 18 juin pour avoir incité les étudiants à manifester. Le 17 juin, Ali-Reza Jabari, collaborateur de plusieurs journaux indépendants dont Adineh, a été condamné, en appel, à trois ans de prison. Pas moins de huit journalistes ont été arrêtés en l'espace de quatre jours. Seize sont actuellement derrière les barreaux, ce qui fait de l'Iran la plus grande prison pour journalistes du Moyen-Orient. Reporters sans frontières demande leur libération immédiate. Le 19 avril 2003, Ali-Reza Jabari avait été condamné, en première instance, à quatre ans de prison, 253 coups de fouet et six millions de rials (environ 1 000 euros) pour "consommation et distribution de boissons alcooliques, adultère et incitation à des actes immoraux". En réalité, on reprochait au journaliste d'être membre de l'Association des écrivains et d'avoir envoyé des articles à des sites d'informations basés à l'étranger. Suite aux récentes inquiétudes de Reporters sans frontières quant aux lieux de détention des journalistes arrêtés ces derniers jours, Saïd Mortazavi, procureur général de Téhéran, a déclaré que Taghi Rahmani, journaliste de l'hebdomadaire Omid-é-Zangan, Reza Alijani, rédacteur en chef du mensuel Iran-é-Farda et lauréat du prix Reporters sans frontières - Fondation de France 2001, Hoda Saber, un des dirigeants de Iran-é-Farda et Amir Teirani étaient détenus à la prison d'Evine (Téhéran). La fille de Ensafali Hedayat, journaliste de Salam arrêté le 16 juin à l'université de Tabriz (nord du pays), a appris que son père était incarcéré à la prison centrale de Tabriz. Il avait été frappé par les forces de police au moment de son arrestation. Saïd Mortazavi a également informé la famille d'Amin Bozorgian - qui était sans nouvelles de lui depuis son arrestation le 15 juin - que ce journaliste était officiellement détenu. Par ailleurs, le procureur général a menacé les familles des journalistes emprisonnés (dont les épouses de Taghi Rahmani et Reza Alijani) qui avaient dénoncé le caractère illégal de ces arrestations. Mohsen Sazgara, directeur du site Alliran et du quotidien réformateur Jameh (fermé), est en grève de la faim depuis son arrestation, le 15 juin. Cardiaque, il se trouve aujourd'hui dans un état de santé très préoccupant. Sa femme a également débuté une grève de la faim pour protester contre l'incarcération de son mari. On reprocherait à tous ces journalistes d'avoir incité les étudiants à la révolte. Depuis le 10 juin, de nombreuses manifestations ont eu lieu autour du principal campus de Téhéran et dans d'autres grandes villes. Des slogans très critiques à l'égard du régime y ont été lancés. Lors de ces manifestations, plusieurs journalistes ont été pris à partie par des policiers et des miliciens en civil. Les agences de presse ISNA et ILNA, qui ont suivi de très près tous ces événements, ont été soumises à de fortes pressions de la part du régime. Enfin, la famille d'Abbas Abdi, journaliste de Salam emprisonné depuis le 4 novembre 2002, est inquiète de son état de santé. Lors de la dernière visite familiale en prison, le journaliste, qui se trouve en cellule individuelle, a confié à sa famille qu'il débuterait une grève de la faim s'il ne bénéficiait pas de quelques jours de liberté, comme le stipule la loi iranienne.
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Updated on 20.01.2016