Arabie saoudite : arrestation de la blogueuse Nouf Abdulaziz Al Jerawi
Il y a une semaine, la journaliste, blogueuse et activiste Nouf Abdulaziz Al Jerawi était arrêtée, énième victime de la vague d'interpellations qui s’est abattue sur les blogueurs et militants des droits humains en Arabie saoudite. Reporters sans frontières (RSF) demande la libération immédiate de tous les journalistes et journalistes-citoyens détenus.
Depuis mi-mai et la précédente vague d’arrestations d’activistes en faveur des droits des femmes, dont la blogueuse Eman al Nafjan, Nouf Abdulaziz craignait pour sa liberté.
Elle avait donc cessé de s’exprimer sur Twitter, où ses tweets étaient pourtant protégés.
“Les autorités saoudiennes accusent les blogueurs et les journalistes qu’elles emprisonnent de donner une mauvaise image du royaume, mais ce sont ces vagues d’arrestations qui nuisent à l’image de l’Arabie saoudite, déclare RSF. Les autorités du royaume détruisent elles-mêmes l’image de progressisme qu’elles prétendent vouloir donner”.
Partisane de la réforme constitutionnelle en Arabie saoudite et des printemps arabes dans la région, Nouf Abdulaziz al Jerawi a travaillé pour plusieurs médias saoudiens. Elle tenait également un blog, aujourd’hui inaccessible, dans lequel elle écrivait sur les atteintes aux droits de l’homme.
Après avoir disparu des réseaux sociaux quelques années, elle était réapparue en 2016. Elle et sa famille avaient alors reçu des avertissements les informant que le ministère de l’Intérieur la surveillait. Elle était aussi la cible d’armées de trolls, dans le but de l’intimider ou de faire fermer son compte sur Twitter.
“La situation en Arabie saoudite est tellement mauvaise aujourd’hui qu’il ne suffit même plus de se taire: il faut être pro-gouvernement”, commente Yahya al Asiri, fondateur de l’ONG Al Qst.
Pour avoir écrit un post dénonçant l’arrestation de Nouf Abdulaziz, l’activiste Mayaa al-Zahrani a également été arrêtée, samedi dernier, d’après l’ONG saoudienne Al Qst.
Au moins 11 journalistes et journalistes-citoyens sont officiellement détenus en Arabie saoudite, auxquels il faut ajouter plus d’une quinzaine de journalistes, professionnels ou non, détenus sans annonce officielle. Le pays figure à la 169ème place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018.