Après dix ans de détention, Dominique Makeli doit être libéré

Dominique Makeli, de Radio Rwanda, est emprisonné depuis le 18 septembre 1994. Transféré à plusieurs reprises et n'ayant jamais comparu devant un tribunal, le journaliste est aujourd'hui détenu à la prison centrale de Kigali (PCK). « Depuis dix ans, nous nous inquiétons de son sort et, aujourd'hui encore, nous réclamons sa libération », a déclaré Reporters sans frontières. Alarmée par la dégradation continue des conditions de travail des journalistes rwandais, l'organisation a ajouté : « Les autorités de Kigali se prévalent volontiers de leur attachement à la vie démocratique, mais ne semblent pas s'inquiéter du climat menaçant qui pèse sur les journalistes dont le travail les dérange. » « A l'occasion des dix ans d'incarcération de Dominique Makeli, a conclu l'organisation, nous demandons au gouvernement rwandais de prendre conscience que la libération de ce journaliste serait un geste fort, prouvant sa bonne foi s'il entend continuer à mettre en avant son attachement à la liberté de la presse. » En octobre 2001, le procureur de Kigali avait affirmé à Reporters sans frontières que Dominique Makeli était accusé d'avoir « incité au génocide dans ses reportages ». En mai 1994, il avait couvert une apparition de la Vierge à Kibeho (ouest du pays) et rapporté sa supposée déclaration : « Le parent est au ciel. » Le procureur a expliqué que, dans le contexte de l'époque, cela signifiait : « Le président Habyarimana est au ciel. » La population aurait interprété ce message comme un soutien de Dieu à l'ancien Président et, par extension, à la politique d'extermination des Tutsis. Reporters sans frontières s'est procurée l'enregistrement de ce programme et l'a fait écouter à des Rwandais présents dans le pays à l'époque du génocide. Aucun d'entre eux n'a estimé que Dominique Makeli avait incité à la haine en réalisant ce reportage. Il y a plus de 13 ans, Reporters sans frontières mettait en place le « parrainage » et appelait les médias internationaux à soutenir un journaliste emprisonné. 120 rédactions dans le monde soutiennent ainsi un confrère en demandant régulièrement sa libération aux autorités concernées et en médiatisant sa situation pour que son cas ne tombe pas dans l'oubli. Dominique Makeli est ainsi soutenu par : Club de la presse de Bordeaux - Revue Solidarité, Club de la presse de Lille, Club de la presse de Montpellier, Club de la presse de Strasbourg, Courrier International, La Lettre de l'USJ-CFDT, Le Journal du Centre, Le Reflet, RTBF (Television), Södermanlands Nyheter, www.expotimes.net.
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Updated on 20.01.2016