La Cour suprême de Birmanie juge en appel le journaliste sportif condamné à mort en première instance pour "haute trahison". Reporters sans frontières et la Burma Media Association demandent aux juges de reconnaître l'innocence du journaliste, victime d'un procès injuste.
La Cour suprême doit rendre dans les prochains jours son verdict dans le jugement en appel de quatre personnes condamnées à mort, dont Zaw Thet Htwe, rédacteur en chef du magazine sportif First Eleven (Premier Onze).
Après avoir observé le déroulement du procès en première instance et en avoir étudié les minutes, Reporters sans frontières et la BMA sont en mesure d'affirmer que Zaw Thet Htwe a été condamné à la peine capitale sans qu'aucune preuve ni témoignage ne prouve son implication dans un acte de "haute trahison". Les deux organisations lancent un appel aux juges U Tin Aung Aye et U Tin Aye de la Cour suprême pour qu'ils reconnaissent en appel l'innocence du journaliste et des trois autres accusés. Reporters sans frontières et BMA demandent la clémence pour Zaw Thet Htwe dont le seul tort est d'avoir dirigé un magazine populaire et indépendant.
Le 6 avril 2004, les juges U Tin Aung Aye et U Tin Aye de la Cour suprême ont recueilli pour le procès en appel les plaidoiries de l'avocat U Naing Ngwe Ya qui défend Zaw Thet Htwe et trois autres accusés. Ces derniers auraient également été entendus par une cour au sein de la prison d'Insein où ils sont détenus.
L'avocat de Zaw Thet Htwe a défendu l'innocence de ses quatre clients. Il a confirmé que trois d'entre eux avaient été condamnés à mort pour avoir transmis des informations à l'Organisation internationale du travail (OIT). Il a déclaré : "Personne n'a trouvé d'explosifs et de documents antigouvernementaux en leur possession (…). Il n'y a aucun acte de haute trahison et ils doivent être libérés sans condition." L'épouse et un collègue du journaliste ont pu assister à l'audience.
Les minutes du procès en première instance révèlent que Zaw Thet Htwe a été reconnu coupable pour avoir été en contact avec des Birmans réfugiés à l'étranger qui auraient eux-mêmes comploté contre la junte militaire. Le journaliste n'a eu le droit de présenter qu'un seul témoin, son épouse, et aucun avocat n'était présent pour le défendre.
Selon le Burma Lawyers' Council, la plainte et le procès sont entachés d'irrégularités. Ainsi, la plainte a été déposée par un officier de police alors qu'une accusation de haute trahison ne peut venir que de l'Etat. Les interrogatoires ont été menés par les services secrets militaires (MIS) qui n'ont aucune compétence pour recueillir des aveux pour un procès. Le procès a par ailleurs été tenu à huis clos.
De son côté, Amnesty International a publié, en avril 2004, un rapport dans lequel l'organisation affirme que Zaw Thet Htwe est un "prisonnier de conscience" qui a été condamné au terme d'un procès où ni le droit à la défense, ni la présomption d'innocence n'ont été respectés.
Le 28 novembre 2003, un tribunal militaire a condamné le journaliste sportif et huit autres personnes à la peine de mort en vertu de l'article 122 (1) du code pénal. Ils étaient accusés de "haute trahison" pour avoir tenté d'assassiner les dirigeants de la junte militaire. Le rédacteur en chef de First Eleven était notamment accusé d'avoir transmis des informations à des militants d'opposition basés à l'étranger. Il a été torturé lors des interrogatoires menés par les services secrets militaires (MIS).
L'arrestation de Zaw Thet Htwe serait en réalité liée au succès du magazine sportif First Eleven, spécialisé dans le football, et à sa ligne éditoriale indépendante. Il avait notamment publié un article sur un don de la communauté internationale de quatre millions de dollars pour promouvoir le football en Birmanie. First Eleven s'interrogeait sur l'utilisation de cette somme.