Antonio de la Cruz : 12e journaliste assassiné au Mexique en 2022

Assassiné à Ciudad Victoria le 29 juin, Antonio de la Cruz est le 12e journaliste tué au Mexique en 2022. Horrifiée par ce triste record, Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à traduire en justice les responsables de cette lâche exécution et à réformer ses dispositifs de protection pour la profession.

“La liste des victimes des violences contre la presse au Mexique s’allonge inexorablement. Pourtant, aucune décision courageuse n’a été prise par le gouvernement pour enrayer cette spirale mortifère et renforcer la protection des journalistes dans le pays”, déplore Emmanuel Colombié, directeur du bureau Amérique latine pour RSF. Les autorités fédérales et du Tamaulipas doivent de toute urgence identifier et traduire en justice les responsables de la lâche exécution d’Antonio de la Cruz.”

Ce mercredi 29 juin 2022, le journaliste Antonio de la Cruz (48 ans) a été assassiné à Ciudad Victoria, capitale de l’État du Tamaulipas (nord-est du pays). Il venait de quitter son domicile en voiture lorsqu'un individu à bord d’une moto l’a abordé puis a ouvert le feu avant de prendre la fuite. Antonio de La Cruz a succombé à ses blessures quelques minutes plus tard. Sa fille Cynthia (23 ans), qui l’accompagnait, a été gravement blessée lors de l’attaque.

Antonio de la Cruz travaillait depuis plus de 23 ans pour le journal local Expreso et sa version digitale Expreso.press, pour lequel il couvrait notamment les sujets liés à l’industrie agroalimentaire.

Pour Miguel Domínguez, éditeur d’Expreso interviewé par RSF, Antonio de la Cruz était un journaliste très critique des autorités et particulièrement actif sur les réseaux sociaux, sur lesquels il abordait des sujets liés à la sécurité et la politique dans la région. Bien qu’il n’ait pas signalé de menaces récentes, “Il a été tué pour son travail journalistique,” selon son confrère.

En décembre 2018, une tête décapitée avait été déposée devant les bureaux d’Expreso accompagnée de messages de menaces contre des reporters du journal. Depuis lors, plusieurs membres de la rédaction bénéficient d’un dispositif de sécurité organisé par le Mécanisme fédéral de protection des journalistes. Ce qui n’était pas le cas d’Antonio de la Cruz.

Quelques heures après l’assassinat, le Parquet spécial pour la surveillance des délits commis contre la liberté d’expression (FEADLE) annonçait l’ouverture d’une enquête fédérale et demandait à accéder aux information de l’investigation des autorités du Tamaulipas. Un signal fort, car les enquêtes sur les assassinats de journalistes sont normalement de la compétence des parquets locaux.

Antonio de la Cruz est le 12e journaliste assassiné au Mexique en 2022, dont au moins 9 en lien direct avec leur activité professionnelle .

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