Afghanistan

Paysage médiatique

Le 15 août 2021, avec l'arrivée des talibans au pouvoir, le paysage médiatique a été radicalement modifié : en l’espace de trois mois, 43 % des médias afghans ont disparu. Sur les 10 780 personnes qui travaillaient dans les rédactions afghanes (8 290 hommes et 2 490 femmes) au début du mois d’août, seuls 4 360 étaient encore en activité en décembre (3 950 hommes et 410 femmes), soit quatre journalistes sur dix. Proportionnellement, les femmes ont été bien plus affectées : plus de quatre sur cinq (84 %) ont perdu leur emploi depuis l’arrivée des talibans, alors que ce n’est le cas que d’un homme sur deux (52 %). 

Contexte politique

Le 7 septembre 2021, les talibans annoncent la formation de leur gouvernement de l'Émirat islamique d'Afghanistan. La création de cet organe rend la situation particulièrement confuse pour les journalistes, qui reçoivent de multiples directives de nombreux acteurs, dont le ministre de la Culture et de l’Information, mais également les Renseignements (Istikhbarat), le ministère pour la Promotion de la vertu et de la Répression du vice, ou encore le Centre gouvernemental des médias et de l’information (GMIC).

Cadre légal

Le 3 février 2022, le porte-parole du gouvernement et vice-ministre de l’Information et de la Culture par intérim, Zabihullah Mujahid, a confirmé que la loi sur la presse promulguée en mars 2015 restait applicable. La création d’une Commission de vérification des délits des médias est également envisagée.

Contexte économique

L’économie, qui dépendait de l’aide internationale, s’est effondrée. Selon l'ONU, plus de 22,8 millions de personnes seront confrontées à une insécurité alimentaire aiguë à l’avenir. Ce contexte a encore plus fragilisé les médias et précarisé les journalistes.

Contexte socioculturel

De nombreux sujets restent difficiles à traiter dans la presse en Afghanistan. Les thèmes touchant à la religion, à la condition de la femme et plus généralement aux droits humaines restent tabous dans le pays. Toutefois, ces derniers mois, la société civile semble retrouver une certaine vigueur et plusieurs organisations, notamment pour la défense de la liberté de la presse, ont été créées ou sont en développement.    

Sécurité

La prise de pouvoir des talibans a entraîné une fuite importante des journalistes à l’étranger. Par ailleurs, de nombreux professionnels des médias ont été interpellés ou arrêtés par la police afghane et l’Istikhbarat. Ces arrestations s’accompagnent de violences et peuvent durer de quelques heures à près d’une semaine.