Allemagne : un espion égyptien au service de presse d’Angela Merkel
La justice allemande a ouvert une enquête contre un espion égyptien présumé infiltré au service de presse de la chancelière Angela Merkel, qui a pu avoir accès à des données relatives aux journalistes égyptiens exilés dans le pays. Reporters sans frontières (RSF) appelle à s’assurer que ces informations n’ont pas servi à faire taire les voix critiques.
Le ministère allemand de l’Intérieur a annoncé dans un rapport, jeudi 9 juillet, avoir découvert qu’un employé du bureau de presse fédéral, rattaché à la chancelière Angela Merkel, avait travaillé pendant plusieurs années pour les services égyptiens de renseignements. Les autorités ont précisé avoir ouvert une enquête sur l'individu dès décembre 2019.
Selon le porte-parole du gouvernement allemand, cité par le quotidien Bild, cet homme était chargé d’accueillir les visiteurs. Les informations auxquelles il avait accès dans le cadre de ses responsabilités comprenaient notamment celles de journalistes égyptiens exilés dans le pays et accrédités par le bureau.
“Il est scandaleux que le bras long du régime brutal d’Al-Sissi puisse même possiblement porter atteinte à des journalistes égyptiens en exil en Allemagne, dénonce Christian Mihr, directeur de la section allemande de Reporters sans frontières (RSF) à Berlin. Le gouvernement allemand doit s'assurer maintenant que si les données des journalistes égyptiens ont été obtenues par le suspect, elles n'ont pas été utilisées pour faire taire les critiques en Egypte. Cela démontre une fois de plus qu'Al-Sissi est un ennemi de la liberté de la presse et ne peut être un allié du gouvernement allemand”.
“Nous savons depuis des années déjà que les les autorités égyptiennes bafouent le secret des sources en surveillant les communications des journalistes, précise Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient de RSF. Le fait qu'elles puissent, par le biais d'agents à l’étranger, se servir d'informations sur les journalistes exilés ne va faire qu'accroître le climat de terreur dans lequel ils travaillent.”
L’Egypte occupe la 166e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.