Depuis le 11 avril 2015,
Ali Lmrabet,
héros de l’information de RSF et ancien directeur des publications
Demain et
Demain Magazine (interdits depuis 2003), peut officiellement exercer à nouveau son métier de journaliste sur le territoire marocain. Dix ans après sa condamnation pour diffamation, il a annoncé publiquement son intention de relancer ses journaux satiriques. L’application de son projet reste toutefois complexe. Le journaliste a besoin d’un certificat de résidence pour obtenir une nouvelle carte d’identité nationale, et de renouveler son passeport qui expire le 24 juin, afin de créer un nouveau journal.
Or, les fonctionnaires de la ville de Tétouan
refusent de lui délivrer ce certificat depuis le 20 avril dernier pour
renouveler ses papiers. Selon un
communiqué de l’administration locale sorti le 5 mai 2015 qui reprend les propos du ministre de l’Intérieur, les recherches entamées suite à la demande du certificat de résidence par le journaliste ont
montré que ce dernier
ne vit pas à l’adresse qu’il a communiquée dans la ville de Tétouan, et qui est celle de son père. Pourtant, il convient de souligner que le commissariat du deuxième arrondissement à Tétouan avait
délivré ce document le 22 avril au journaliste avant de se rétracter le lendemain et de reprendre le certificat.
D’après les informations recueillies par RSF, le journaliste franco-marocain,
lauréat du Prix “Reporters sans frontières - Fondation de France 2003" est pourtant bien en possession de documents conformes et nécessaires à la demande du certificat. Son adresse est bien celle de son père, et c’est celle qui figure sur son passeport.
“
Reporters sans frontières se dit perplexe face à cette série d’obstacles administratifs dont fait l’objet Ali Lmrabet, déclare Virginie Dangles, adjointe à la direction des programmes de l’organisation.
Les raisons liées au refus d’octroyer ce document ne sont pas claires. RSF exhorte les autorités marocaines à fournir le certificat demandé au journaliste afin qu’il renouvelle ses papiers. »
Empêché d’informer
L’Association marocaine des droits humains (AMDH) qui le soutient - et dont le président s’est prononcé à ce sujet en qualité de témoin - s’est
adressée aux autorités marocaines pour leur demander d’intervenir au niveau national et local, sans toutefois recevoir de réponse.
Ali Lmrabet est convaincu que cette attitude vise à l’empêcher de sortir un journal. “Je vais devenir le premier sans-papiers national marocain” (...) je veux bien comprendre que le régime ne m’aime pas mais ils ne peuvent tout de même pas m’empêcher d'avoir des papiers d'identité”, déclare le journaliste, interrogé par RSF.
Son avocat Lahbib Mohamed Hajji a bien confirmé que les papiers du journaliste possédaient la même adresse que celle de son père, et que cette situation représentait une violation de son droit en tant que citoyen.
RSF a tenté à plusieurs reprises de contacter par téléphone et par mail le ministère de la Communication pour avoir leur version des faits, mais les autorités n’ont pour l’heure pas répondu aux sollicitations de l’ONG.
Le Maroc figure à la 130e place sur 180 au
Classement 2015, établi par Reporters sans frontières.
(Crédit Photo: PEDRO ARMESTRE / AFP)