Algérie : “un réquisitoire extrémiste et infondé a été prononcé” contre Khaled Drareni
Quatre ans de prison ferme ont été requis contre le journaliste Khaled Drareni jugé en appel à Alger. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un réquisitoire infondé et lance un appel pour renforcer la mobilisation pour obtenir la libération du journaliste.
Quatre ans de prison… Devant un tribunal quasi-désert, mais en présence cette fois du journaliste Khaled Drareni, le procureur de la République a réitéré mardi 8 septembre la peine requise en première instance contre le directeur du site d’information en ligne Casbah Tribune, et correspondant de TV5 Monde et RSF en Algérie, qui faisait appel de sa condamnation à trois ans de prison de ferme et 50 000 dinars algériens d’amende (environ 330 €) pour “incitation à attroupement non armé et atteinte à l’unité nationale” prononcée le 10 août dernier.
Devant les juges, Khaled Drareni, toujours très amaigri mais calme et souriant a expliqué qu’il n’avait fait qu’exercer son métier de journaliste. Relayer une information ne peut être considéré comme une atteinte à l’unité nationale. Le journaliste a également précisé, que comme nombre de ses collègues, il n’avait jamais eu besoin de s’accréditer dans le passé pour exercer sa profession.
Le procès en appel s’est déroulé cette fois quasiment sans témoin, l’accès à la presse ayant été limité et soumis à condition sans préavis. Plusieurs journalistes qui tentaient de pénétrer dans le tribunal ont même été aspergés d’eau par des employés du tribunal.
Le verdict du procès en appel sera prononcé le 15 septembre prochain.
“Ce réquisitoire totalement infondé et extrémiste fait craindre le pire pour notre ami et confrère, dénonce le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. La vacuité du dossier et l’absurdité des accusations sont patentes. Nous espérons qu'au moment du verdict la sagesse et la justice prévaudront. Il revient aux autorités algériennes d’arrêter cette furieuse fuite en avant dans la répression. L’Algérie peut encore montrer son attachement au droit et aux valeurs démocratiques et ne pas résolument basculer vers l’autoritarisme. Nous appelons toutes les bonnes volontés à se mobiliser pour faire pencher la balance du côté de la justice véritable.”
L'Algérie figure à la 146e place sur 180 du Classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF. Elle a perdu cinq places par rapport à 2019 et 27 par rapport à 2015.